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Gênes

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« Tu verras une cité royale, adossée à une colline alpestre, superbe par ses hommes et par ses murs, dont le seul aspect indique qu'elle est la maîtresse de la mer. »Itinéraires de Gênes à la Terre Sainte, Pétrarque
Capitale de la Ligurie, Gênes, logée au fond du golfe du même nom, dessine ses contours au cœur d’une baie semi-circulaire, enserrée de hautes collines en forme d’amphithéâtre. A la fois rudes et protectrices, elles semblent fermer brutalement les Apenins, tandis que, de l’autre côté, s’étend à l’horizon, comme une promesse d’ailleurs, la mer ligurienne, bordée à l’est par la Riviera du Levant, et à l’ouest par la Riviera du Ponant. Gênes, en effet, n’est pas entourée de vastes et plates étendues, ni de terres fertiles, sur lesquelles elle aurait pu fonder sa richesse et sa prospérité. Terre de marins, d’aventuriers, d’explorateurs, de commerçants, d’amiraux, son principal débouché est la Méditerranée, à partir de laquelle elle s’élancera dès l’Antiquité vers l’Orient, mais aussi vers l’Espagne et les côtes d’Afrique occidentale. « Verticale, maigre, osseuse », selon les termes de Cesare Ripa, Gênes, pour avoir pleinement accompli par le passé sa vocation maritime, sut s’intégrer dans une histoire beaucoup plus vaste que la seule histoire italienne. En même temps, au fur et à mesure qu’elle étendait sur les flots son empire, elle n’eut de cesse d’élargir son district en Ligurie, sur la côte et dans l’arrière-pays. De ce passé fascinant et en partie révolu, reste encore un patrimoine architectural hors du commun, églises, villas et palais placés sous la protection de l’UNESCO, mais aussi de prestigieux musées aménagés au cours du XXe siècle.
Pour autant, Gênes n’a pas à rougir du présent et demeure, non seulement le premier port, mais aussi la cinquième ville la plus importante d’Italie, à la fois en nombre d’habitants – 592 000 – et en termes de rayonnement économique. Fer de lance de l’industrie navale, Gênes est aussi à la pointe de l’industrie métallurgique et, surtout, par son activité portuaire, une place commerciale majeure en Europe. Enfin, malgré, les restrictions budgétaires de l’Etat italien, Gênes est parvenue à valoriser ces trente dernières années son patrimoine architectural à l’occasion d’événements phares et de célébrations historiques comme le 500e anniversaire de la découverte de l’Amérique en 1992 ou encore « Gênes capitale européenne de la culture en 2004 ». Ces manifestations initièrent aussi de vastes travaux de modernisation et encouragèrent la construction d’édifices contemporains emblématiques à leur tour du dynamisme culturel de la ville.

Des origines à l'âge de fer

Terre ancienne de peuplement, la Ligurie conserve de nombreux vestiges de l’époque préhistorique, notamment dans la Riviera du Ponant. Disséminées le long de la côte, de multiples grottes abritèrent en effet depuis le Paléolithique hommes et animaux sauvages. En l’espace d’un siècle et demi, archéologues et spéléologues ont progressivement mis au jour les grottes de Balzi Rossi, près de Vintimille, celles d’Arma di Tagia près de San Remo, celles de Toirano, entre Albenga et Pietra Ligure, ou encore celles d’Arene Candide, près de Savone. La trace la plus ancienne d’occupation humaine fut ainsi découverte à Balzi Rossi avec le squelette d’une femme de type Homo erectus remontant à 240 000 ans avant J.-C., mais le site vit aussi se succéder l’homme de Neandertal et l’Homo sapiens.

A partir de l’âge du bronze, les habitants de la région s’implantèrent aussi près du mont Bégo, dans la vallée des Merveilles, aujourd’hui en territoire français, célèbre pour ses gravures rupestres. A la même époque, sur la côte occidentale de l’actuelle Ligurie, se développaient les castellari : des habitations rudimentaires, mais rassemblées en villages et dotées de fortifications sommaires en pierre sèche afin de se protéger des tentatives d’invasion de peuples venus de la mer. Le site originel de Gênes sera ainsi installé dans les hauteurs avec un ensemble défensif similaire dont les premiers vestiges datent en revanche du début de l’âge de fer, vers le VIIIe siècle avant J.-C. Les Ligures sont alors en contact étroits avec les Etrusques et les Grecs de Phocée, dont on a d’ailleurs retrouvé de nombreuses traces à Gênes, dans l’anse de Mandraccio, centre déjà important d’activité commerciale et maritime. La période préromaine est aussi marquée comme dans toute l’Italie du Nord par l’invasion celtique du IVe siècle.

-240 000 : Présence attestée de l’Homo erectus en Ligurie à travers un squelette de femme découvert dans les grottes de Balzi Rossi, l’un des sites préhistoriques les plus célèbres d’Europe méditerranéenne, qui doit son nom à la couleur rouge de la roche calcaire.

De -80 000 à -60 000 : Présence attestée en Ligurie de l’homme de Neandertal, notamment sur le site de Balzi Rossi. Il disparaîtra ensuite progressivement pour être remplacé par l’Homo sapiens.

De -36 000 à -10 000 : Période correspondant à l'installation en Europe de l’Homo sapiens sapiens, caractérisée par une faible densité de population vivant exclusivement de la chasse, se nourrissant de viande de bouquetins, de cerfs, de sangliers, de chevreuils, mais aussi d’élans et de bisons européens. Le culte des morts se développe en même temps que les premières réalisations artistiques, dont témoignent en Ligurie de remarquables vestiges, ainsi dans les grottes de Balzi Rossi avec, vers -25 000, des statuettes de Vénus sculptées dans la pierre, ou encore, vers -20 000, la gravure rupestre du cheval de Przewalski, espèce sauvage n’existant plus aujourd’hui qu’en Mongolie. Cette gravure est contemporaine de la triple sépulture découverte sur le même site dans la grotte dite « Barma Grande » et abritant ensemble un homme d’environ deux mètres et deux adolescents. La tombe dite « du jeune prince », découverte à Arène Candide, date de la même époque. Le squelette était orné de coquillages, de dents de cerfs et de queues d’écureuil. Les grottes de Toirano recèlent aussi de véritables trésors avec, notamment, vers -12 000, la présence dans la salle dite « des Sorcières » d’empreintes de pieds, de mains et de genoux.

De -9000 à -6000 : Période du Mésolithique avec des populations de chasseurs-cueilleurs dans les zones montagneuses et le développement dans les plaines d’une première agriculture encore très rudimentaire.

De -6000 à -5800 : Les procédés agricoles caractéristiques du Néolithique se diffusent dans toute l’Italie trois mille ans après leur apparition en Anatolie. En Ligurie, la période voit ainsi la généralisation de l’élevage des brebis, l’introduction de l’orge et de trois variétés de blé.

A partir de -3600 : C’est le début de l’âge du cuivre, rendu possible par l'amélioration de la maîtrise du feu. Les pratiques funéraires, sans doute liées au culte des ancêtres, semblent de plus en plus élaborées. Les paysages se transforment considérablement : les forêts des côtes laissent progressivement la place au maquis et à de vastes prairies.

A partir de -2000 : Avec l’avènement de l’âge du bronze ancien, apparition en Lunigiane de premières statues-stèles en grès, figurant des femmes, symboles de fertilité, ou des hommes armés, évoquant la guerre et le culte des héros. De telles sculptures anthropomorphes, associées sans doute à des rites religieux précis, mais demeurés inconnus, seront ainsi réalisées jusqu’à -500 dans la région. Nombre d’entre elles sont visibles au musée du château de La Spezia, abritant la collection archéologique Ubaldo Formentini.

De -1600 à -1000 : Période du Bronze moyen et récent qui voit de nouvelles transformations du paysages avec le terrassement des versants, si caractéristiques encore aujourd’hui de la région ligure. L’habitat évolue considérablement avec la généralisation de pratiques artisanales collectives, comme la filature et le tissage et l’apparition des castellari, constructions en pierre sèche dotées d’éléments fortifiés et servant à protéger les habitants et leurs réserves de nourriture. Les villages se multiplient, mais conservent chacun une faible densité de population.

A partir de -800 : Début de l’âge du fer. Les différentes tribus ligures sont disséminées sur un territoire accidenté, lui-même partagé entre les zones montagneuses séparées par d’étroites vallées, les zones marécageuses, et les sites côtiers de plus en plus nombreux, dont celui de la future Gênes. Si ces tribus s’opposent toutes régulièrement entre elles, on discerne deux grandes zones d’influence auxquelles les rattacher sur le plan géographique et culturel : les Ligures occidentaux proches du Sud de la France et de la Suisse ; les Ligures orientaux tournés d’un côté vers la plaine du Pô et de l’autre vers la mer Tyrrhénienne. Les premiers contacts avec les Grecs de Phocée et les Phéniciens sont établis, et Hésiode évoque alors parmi les plus anciens peuples « les Ethiopiens, les Ligures et les Scythes éleveurs de chevaux ».

Vers -700 : La présence de la tribu ligure des Tigulli est attestée à Chiavari, sur la Riviera du Levant, par les vestiges d’une nécropole, aujourd’hui visible au musée archéologique de la ville. Le village fortifié, récemment découvert sur les hauteurs de Gênes, à Castello, date de la même époque.

-600 : Les Grecs de Phocée fondent à cette date Massilia, mais ne semblent avoir établi aucune base maritime propre en Ligurie. Pour autant, le site de Gênes se développe et se dote d’une nouvelle enceinte en pierre, surplombant l’anse de Mandraccio, où les fouilles archéologiques ont confirmé des liens commerciaux étroits avec les Grecs et les Etrusques.

A partir de -400 : Les Celtes se fixent en Ligurie dont ils partagent désormais le territoire avec les populations autochtones. Une partie d’entre elles demeure ainsi concentrée autour de Gênes.

De la domination romaine aux invasions barbares (IIIe siècle avant J.-C. – VIIe siècle après J.-C.)

Les Romains étendent leur domination sur l’Italie du Nord à la fin du IIIe siècle avant J.-C. Dès le début de la guerre romano-ligure en -238, Gênes se range définitivement à leurs côtés, mais la grande majorité de la Ligurie demeure longtemps rétive à l’envahisseur. Elle oppose ainsi durant plusieurs décennies une résistance sans relâche, menée entre autres par les tribus des Intemelli et des Ingauni. Celles-ci s’allient avec les Carthaginois et, sous le commandement d’Hannibal et de ses frères, mettent à sac Gênes en 205 avant J.-C. Les Romains cependant finiront par l’emporter et poursuivront leur expansion en repoussant Ligures et Celtes installés dans la région. Unis contre Rome, ces derniers forment en -200 une coalition défaite à son tour en -197 avec le soutien de Gênes. Quelques décennies plus tard, la Ligurie est définitivement pacifiée, mais au prix d’une répression cruelle et systématique : les tribus ennemies sont massacrées, déportées, ou encore réduites en esclavage. Dès lors, les Romains installent sur la côte de nombreuses petites cités portuaires à l’exemple de Luni, fondée en -177. Gênes, dont le nom, d’origine latine, est attestée pour la première fois en -148, constitue aussi une base maritime importante et le point de départ de la via Postumia conduisant jusqu’à Milan. Le réseau routier sera complété au Ier siècle avant J.-C. par la via Julia Augusta reliant le Var à l’Emilie-Romagne en longeant le littoral.

Devenue colonie romaine au début du Ier siècle avant Jésus-Christ, Gênes accède au statut de municipe en 42 avant J.-C., puis à la citoyenneté romaine au siècle suivant. A partir d’Auguste, la Ligurie est désignée comme la IXe région de l’empire. Plus vaste qu’aujourd’hui, elle s’étend à l’ouest jusqu’au Var et aux Alpes, et à l’est jusqu’au fleuve du Pô et aux Appenins. Elle demeure toutefois secondaire aux yeux des Romains, tant sur le plan économique que politique, et plusieurs auteurs latins, comme Caton et Virgile, alimentent un certain mépris pour ses habitants, décrits comme des rustres et des menteurs. Pline l’Ancien rend cependant hommage à leurs vins généreux et réputés, et Diodore de Sicile comme Tite-Live vantent leur bravoure au combat ou encore leur connaissance de la navigation. La longue période de la Pax romana garantit à la Ligurie, désormais totalement assimilée à l’empire, une relative prospérité agricole malgré une terre souvent ingrate et un relief très accidenté. Quelques décennies après la promulgation en 313 de l’édit de Milan, le christianisme se généralise en Ligurie, dont Gênes devient le premier évêché confié alors au futur San Siro qui donnera son nom au VIe siècle à l’une des basiliques les plus importantes de la ville.

-238 : début de la guerre romano-ligure relatée par Tite-Live.

De -218 à -204 : Romains et Carthaginois se disputent Gênes au cours de la deuxième guerre punique. Les Romains établissent leur première base en Ligurie.

-205 : Sous le commandement d’Hannibal et de ses frères Hasdrubal et Magon, les Carthaginois, alliés aux tribus des Intemelli et des Ingauni, font le siège de Gênes et parviennent à la détruire.

-204 : Le proconsul Marcus Livius Salinator et le propréteur Spurius Lucretus sont envoyés contre Magon. Ils font reconstruire l’oppidum de Gênes.

Vers -200 : d’après l’historien Diodore de Sicile, Gênes est déjà à cette date emporion, c’est-à-dire un port de commerce, dont les habitants connaissent les routes maritimes menant non seulement vers l’Occident, mais aussi le long des côtes africaines.

-197 : Sous le commandement de Quintus Minucius Rufus, Gênes sert de base aux Romains contre la coalition de Ligures et de Celtes formée en -200 contre Rome.

-180 : Déportation en masse de la tribu des Apuani.

-177 : Non loin de La Spezia, les Romains fondent la ville de Luni, constituant d’abord une base stratégique à partir de laquelle ils repoussent les Ligures. Mais l’exploitation du marbre de Luni, vendu par la suite dans tout l’empire, en fait rapidement un important port de commerce. De nombreux et remarquables vestiges témoignent de ce rayonnement d’antan (temples, villas, amphithéâtre, peintures à fresque et sculptures) et font de Luni le plus grand site archéologique d’Italie du Nord.

-175 : Déportation en masse de la tribu des Friniati.

-173 : Réduction en esclavage de la tribu des Statielli.

-148 : Construction de la via Postumia reliant Gênes à Milan et Crémone. Sur l’une des bornes militaires de cette voie romaine est attesté pour la première fois le toponyme Genua.

-117 : Inscription sur une table en bronze non seulement du toponyme Genua mais aussi du nom de ses habitants, les Genuates.

-89 : Alors que les Romains réorganisent la Gaule cisalpine, plusieurs cités de Ligurie, dont Gênes, deviennent administrativement des colonies latines. Leurs habitants, sans être reconnus citoyens romains, voient leurs droits élargis, mais sont aussi soumis à de nouvelles obligations, notamment militaires.

-49 : César concède le droit de bourgeoisie, statut proche de la citoyenneté, à toutes les cités de la Gaule cisalpine et transpadane.

-14 : Début du « siècle d’Auguste ». La Ligurie devient la IXe région de l’empire et bénéficie pour trois siècles de l’instauration de la Pax romana.

13 après J.-C. : Construction de la via Julia Augusta reliant le Var à l’Emilie-Romagne.

De 98 à 117 : Règne de Trajan, sous lequel Gênes reçoit le statut de municipe, qui confère à ses habitants le droit de citoyenneté romaine.

313 : Edit de Milan prononcé par Constantin et autorisant le culte chrétien dans tout l’empire.

324 : Siro, premier évêque de Gênes, participe à un synode romain. Vénéré par la suite à Gênes comme un saint fondateur et martyr, il aurait aussi, selon la légende, libéré la ville d’un basilic – serpent monstrueux au souffle empoisonné – en le sommant de se jeter dans la mer.

395 : Partage de l’Empire romain.

476 : Après la chute de l’Empire romain d’Occident, la Ligurie subit plusieurs incursions barbares, notamment celles des Ostrogoths et des Vandales.

De 536 à 554 : L’empereur Justinien affronte les Ostrogoths qui dévastent Milan en 539. Les troupes de Byzance se retirent vers le Pô et contrôlent le nœud routier où se rejoignent la via Postumia et la via Julia Augusta. A partir de 553, une grande partie du territoire ligure, avec Gênes en son centre, entre ainsi pour un siècle dans l’orbite de Byzance. La Ligurie devient la Provincia Maritima Italorum.

568 : Les Lombards envahissent à leur tour l’Italie et c’est à Gênes que se réfugie alors l’évêque de Milan. Il y fait édifier l’église Saint-Ambroise au pied de l’ancienne muraille romaine.

A la fin du VIe siècle : Gênes devient un centre urbain et administratif plus important, et est désignée par Grégoire le Grand comme urbs et civitas. Celui-ci évoque aussi la basilique San Siro, abritant les reliques du premier évêque de la ville. A la même époque, de nombreuses autres églises voient le jour à l’exemple de Saint-Vittore-et-Sainte-Sabine, Saint-Pancrazio ou Saint-Nazaire, dont on conserve dans la crypte de l’édifice actuel, un chapiteau orné de feuilles d’acanthe.

Vers 643 : Les Lombards du roi Rothari conquièrent la Ligurie et détruisent Gênes.

652 : Retour à Milan de l’évêque exilé.

658 : Gênes commence à renaître de ses cendres. Le roi lombard Aripert y fait édifier entre autres l’église Santa-Maria-di-Castello.

671 : Les Lombards abandonnent définitivement l’arianisme et se convertissent au catholicisme.

Au VIIIe siècle : Rédaction de la chronique dite « du pseudo-Frégédaire », relatant la destruction de Gênes par le roi Rothari en 643.

De la période carolingienne à l'affirmation progressive de l'autonomie génoise (VIIIe – XIe siècle)

La période carolingienne est assez peu documentée à Gênes. Si Charlemagne intervient en Italie en 774 et s’empare du Royaume lombard, il n’atteint pas alors les côtes de l’actuelle Ligurie. La présence d’un premier comte carolingien, Adhémar, n’est attestée dans la cité génoise qu’en 806. Celui-ci trouve la mort en Corse en combattant les Sarrazins et inaugure ainsi plusieurs décennies de guerres et de résistance contre leurs raids et pillages incessants. En 935 cependant, les assaillants musulmans parviennent à s’emparer de Gênes et la détruisent totalement après s’être emparé de toutes ses richesses et avoir réduit en esclavage une partie de ses habitants. Ex nihilo ou sur les ruines des premiers édifices paléochrétiens, sont par la suite reconstruites à Gênes de nouvelles églises, tandis que la lutte contre les Sarrazins s’intensifie dans la région sous la conduite d’Hugues d’Arles, roi d’Italie, allié à la flotte byzantine. Les territoires au sud du Pô, puis ceux au nord-ouest sont alors réorganisés et confiés au gouvernement de marquis. Gênes est ainsi intégrée à la marche de Ligurie orientale, dite aussi « Obertenga ». Déjà forte de sa spécificité maritime, elle obtient peu à peu cependant d’importants droits civiques, l’affranchissant en partie de l’autorité seigneuriale. Divisée en plusieurs quartiers dont trois principaux, la ville, couverte de majestueux édifices, témoigne alors d’un véritable rayonnement architectural et spirituel.

773 : Le Royaume lombard est annexé par Charlemagne, mais ce dernier n’étend pas alors ses conquêtes jusqu’aux côtes ligures.

802 : Le marchand juif Isaac, ambassadeur de Charlemagne auprès du calife de Bagdad Harun al-Rashid, organise le transport vers l’Europe de l’éléphant blanc Abul Abbas, offert en cadeau à l’empereur des Francs. D’après les sources, il fait alors venir de Ligurie, sans doute de Gênes, une flotte spécialement armée à cet effet.

806 : Un premier comte carolingien est attesté à Gênes où il reçoit le titre de praefectus civitatis Genuensis. Il meurt en Corse en combattant les Sarrasins. A la même époque, les anciens remparts romains détruits par les Lombards sont reconstruits.

850 : Rédaction de La Vie de saint Siro, l’un des rares documents littéraires et religieux dont disposent les historiens pour cette période.

877 : Passage du pape Jean VIII à Gênes, alors en route pour la France afin d’y convoquer un concile. La même année, l’évêque Sabbatino aurait rapporté à Gênes les reliques de saint Romulus, lui-même ancien et prestigieux évêque de la ville, au Ve siècle. Dans l’esprit du temps, la translation de telles reliques contribue au prestige de la cité et permet d’affirmer son identité propre. Selon certaines versions, l’église San Lorenzo aurait déjà reçu à cette occasion le statut de cathédrale à la place de la basilique San Siro, mais ce transfert n’est véritablement attesté qu’à la fin du Xe siècle.

Entre 890 et 901 : Les Sarrazins lancent leurs premiers raids vers Gênes, le plus souvent depuis les côtes françaises.

21 juin 934 : Depuis le golfe de Gabès en Tunisie, départ de l’expédition du général Ya’qub ibn Ishaq al-Tamini, envoyé combattre les Chrétiens par le calife fatimide al-Qa’im. Arrivée à destination, la flotte ainsi constituée attaque d’abord les côtes ibériques puis Gênes contre laquelle elle livre plusieurs combats.

28 août 935 : Victoire des Sarrazins qui mettent Gênes à feu et à sang, non sans emporter « 1 000 femmes et 8 000 prisonniers » d’après les chroniqueurs musulmans. Côté occidental, ce tragique épisode sera aussi relaté, plusieurs dizaines d’années plus tard, dans la chronique de Liutprand de Crémone. L’existence d’une industrie de la toile de lin et de la soie est alors mentionnée à Gênes.

940-941 : De concert avec la flotte byzantine, Hugues d’Arles, roi Italie, mène une attaque contre les Sarrasins installés à Fraxinetum, leur base provençale située près de l’actuel Saint-Tropez. Mais il faudra attendre une quarantaine d’années avant d’éradiquer totalement cette menace venue du Sud de la France. Entre-temps, Hugues d’Arles réorganise les territoires situés au sud du Pô et en confie le gouvernement à des marquis, investis notamment d’importants pouvoirs militaires.

945 : Teodolfo, évêque de Gênes, donne un nouvel élan à la cité, en s’appuyant sur les bénédictins. Les lieux de culte paléochrétiens, en grande partie détruits par le raid sarrazin de 935, sont transformés et agrandis. A la même époque, on construit l’église Santa-Maria-di-Castello, encore visible aujourd’hui et flanquée de la fameuse tour degli Embriaci.

950 : Bérenger II est proclamé roi d’Italie et poursuit rapidement la réorganisation initiée par Hugues d’Arles. Ainsi, à l’ouest du royaume, les territoires situés entre le Pô et la mer sont divisés en trois nouvelles « marches ». Jusqu’au milieu du XIe siècle, Gênes est intégrée à celle de la Ligurie orientale, dite aussi « Obertenga », car sous l’autorité de la famille Obertenghi. Pour autant, ses membres ne s’établiront jamais à Gênes, préférant déléguer leur pouvoir administratif et judiciaire à des vicomtes, censés les représenter. Ils finiront par se substituer totalement à eux jusqu’à s’affranchir de leur autorité. La Ligurie occidentale fait partie, quant à elle, de la Marche dite « Aleramica ». Plus au nord, les territoires comprenant Turin sont associés à la marche Arduinica.

958 : Bérenger II et son fils Adalbert confirment aux Génois un certain nombre de droits civiques, auxquels ne peuvent contrevenir les seigneurs locaux. Ces droits, notamment celui d’administrer leurs propres biens à l’intérieur comme à l’extérieur de la cité, sont consignés dans des diplômes, documents fondateurs de l’histoire politique génoise. Il y est question aussi de la beauté architecturale de la ville de Gênes, dans et hors les murs. Les trois quartiers de la cité – castrum, civitas et burgus – s’ordonnent d’ailleurs respectivement autour de Santa Maria di Castello, San Lorenzo et San Siro, autant d’églises prestigieuses.

965 : Début de la construction hors les murs de l’église Santo Stefano, qui sera presque totalement modifiée au XIIe siècle.

984 : Construction, à la demande d’Adélaïde de Bourgogne, veuve d’Otton Ier, de l’abbaye de San Fruttuoso di Capodimonte, non loin de Portofino, dans la Riviera du Levant. Elle deviendra au cours du XIe siècle la propriété des bénédictins.

987 : A cette date, San Lorenzo semble attestée comme cathédrale de Gênes, à la place de San Siro, qui, située en dehors des murs, semble plus exposée aux incursions pirates et aux éventuels pillages. Cette dernière devient alors une église conventuelle.

L'instauration de la Commune des consuls et la conquête des mers (de l'an mil à 1153)

A partir de l’an mil, quatre cités maritimes affirment dans la péninsule italienne leur suprématie commerciale, développent leur arsenal de guerre et s’ouvrent vers l’Orient où elles rivalisent entre elles : Gênes, Venise, Pise et Amalfi. A l’image des autres cités du Nord de l’Italie, toutes contestent peu à peu l’ancien système féodal à travers les revendications des marchands et représentants de la petite noblesse, et s’organisent en communes libres dès la fin du XIe siècle. Gênes se démarque cependant dans le premier tiers du XIIe siècle en faisant élire son collège de consuls tous les trois ans, puis chaque année.

Par ailleurs, plusieurs grandes familles s’y distinguent, asseyant leur pouvoir et leur fortune, à titre plutôt personnel que politique et collectif. A cette époque, la conquête des mers comme l’aventure de la première croisade n’engagent pas encore véritablement publiquement la cité de Gênes, mais restent avant tout le fruit d’initiatives privées. L’on reprochera d’ailleurs longtemps à Gênes l’individualisme de ses habitants, par opposition à Pise, sa plus grande rivale, dont les habitants semblent alors partager, sous l’égide de l’Etat communal, une véritable communauté de destin. Cependant, si les deux cités s’affrontent sur le plan commercial, et briguent pareillement la Corse et la Sardaigne, elles sont aussi à même de s’unir contre les musulmans qu’elles parviennent ensemble à chasser de la mer Tyrrhénienne en 1015 et 1016. En même temps, Gênes conforte sa position en Méditerranée orientale et, tout en s’opposant de manière récurrente à Venise, y multiplie ses comptoirs commerciaux. En 1110, elle est implantée aussi bien à Jaffa, Acre, Tyr, Beyrouth, Tripoli ou encore Antioche. En Ligurie même, elle élargit son territoire et étend peu à peu son hégémonie dans la Riviera du Levant, restée jusque-là sous contrôle féodal. En 1113, elle rachète ainsi au seigneur local la place forte de Portovenere, position stratégique pour contrer l’expansion pisane en Italie du Nord, et fonde par la suite six villes nouvelles dans les terres et le long de la côte. 

En ses murs, Gênes voit son dessin architectural se transformer avec l’avènement de l’art roman et une nouvelle distribution des quartiers, associé chacun à l’une des familles dominantes. Mais, sur le plan pictural, c’est à Sarzana, non loin de La Spezia qu’est réalisée alors en Ligurie l’œuvre la plus novatrice, une Crucifixion attribuée au peintre toscan Maestro Guglielmo, et qui inspirera pendant près de deux siècles, de nombreux artistes jusqu’à Pérouse et Florence. Par ses écrits enfin, le chroniqueur Caffaro di Rustico magnifie sa ville et son passé, instaurant ainsi la tradition littéraire de Gênes, véritable « boulevard de la Chrétienté » au cœur de la Méditerranée.

Vers l’an mil : Gênes compte, d’après les plans de Grossi Bianchi et Poleggi, quatre portes, avec, à l’ouest, celle de San Pietro, à l’est celle de Serravale, sur les hauteurs la porte dite « supérieure », et à proximité de la mer celle dite « du château ».

1007 : Construction par les bénédictins d’une autre église San Siro située, elle aussi, en dehors des murs, mais plus modeste en taille que l’ancienne cathédrale. Elle sera, au siècle suivant, redessinée en style roman. Appartenant aujourd’hui à l’un des quartiers de Gênes, elle s’y réfère par son nom : San Siro di Struppa.

1015-1016 : A l’instigation du pape Benoît VIII, reconquête de la mer Tyrrhénienne par les Génois et les Pisans, placés sous le commandement du marquis Adalberto. Celui-ci parvient en effet à vaincre l’émir al-Mudjâhid réfugié près des côtes de Sardaigne, après avoir dévasté la ville de Luni. Cette éclatante victoire incitera peu à peu Gènes à se soustraire au gouvernement de marquis pour s’affirmer comme Etat indépendant.

1023 : Les reliques de San Siro sont transférées dans la cathédrale San Lorenzo.

Vers 1056 : Le marquis Alberto d’Opizzo, descendant des Obertenghi, accorde une nouvelle reconnaissance de droits aux classes émergentes de Gênes. A la même époque, la papauté, préoccupée par l’application de la réforme grégorienne, confie à Pise l’administration des évêchés corses, générant ainsi pour près de deux siècles un conflit avec Gênes, qui revendique les mêmes droits sur l’île.

1059 : L’évêque de Gênes Oberto, proche du pape, participe au concile de Latran, mais lorsque la querelle des investitures se radicalise, une partie de la population génoise se range du côté du Saint Empire romain germanique. La ville connaît alors de violents affrontements.

1060 : Un marchand juif mentionne dans ses lettres l’arrivée à Alexandrie « de navires venus de Gênes et d’ailleurs ».

Vers 1065 : Avant même la première croisade, les Génois auraient embarqué à Jaffa des pèlerins venus d’Europe du Nord  notamment des Anglais et des Flamands  pour les ramener en Occident.

Vers 1080 : Naissance de Caffaro de Caschifellone, premier rédacteur des annales officielles de la ville.

Vers 1085 : Les marchands pisans semblent déjà solidement implantés dans le Nord de la Sardaigne. Ils seront concurrencés dès le début du XIIe siècle par des représentants de l’illustre famille génoise des Doria.

1086-1087 : Avec le soutien du pape Victor III, Gênes, Pise, Amalfi, Salerne et Gaète s’unissent contre le souverain ziride Tamim, à l’origine de pillages répétés dans le Nord du Bassin méditerranéen. Ils s’emparent ainsi, à l’été 1087, de Mahdia, en Tunisie.

1092 : A nouveau, Pise et Gênes, toujours rivales sur le plan commercial, combattent ensemble aux côtés du comte Raymond-Bérenger II de Barcelone afin de reprendre la ville de Tortosa aux Sarrasins. Mais l’expédition se solde cette fois par un échec.

Juillet 1096 : Le pape Urbain II, qui a lancé l’appel de Clermont l’année précédente, envoie deux légats à Gênes afin de solliciter la participation de la cité à la première croisade. Or, les habitants semblent divisés sur cette question car, en dépit des conflits avec les musulmans, de nombreux marchands génois ont établi avec eux un commerce fructueux. Les partisans de la réforme grégorienne répondent cependant positivement à l’appel d’Urbain II.

Juin 1097 : Une flotte de douze galères quitte finalement le port de Gênes pour participer à la croisade, mais elle est armée à partir de fonds privés.

Novembre 1097 : les Génois atteignent le port de Saint-Siméon près d’Antioche, où ils envoient 600 hommes en renfort de l’armée franque de Bohémond de Tarente qui fait le siège de la cité.

Vers 1097 : Début à Gênes de la Commune des consuls. Nommés ensemble à la tête de la cité parmi des membres de l’aristocratie et de la riche bourgeoisie, ils exercent le pouvoir judiciaire et exécutif et commandent la milice pour une durée de trois ou quatre années. Chaque gouvernement ainsi constitué est alors nommé compagna.

3 juin 1098 : Antioche est prise par Bohémond de Tarente. En récompense de leur soutien militaire, les Génois se voient attribuer un quartier entier de la ville.

1099 : Le Génois Guglielmo Embracio, surnommé « Testadimaglio », prend la tête d’une seconde expédition vers la Terre Sainte. Arrivé à Jérusalem, il détruit, selon Caffaro, plusieurs galères pour fournir aux croisés déjà sur place le bois nécessaire à la construction de tours de combat. Celles-ci sont utilisées à la fin du siège le 15 et 16 juin. Le 12 août, Godefroy de Bouillon assiège Ascalon et s’en rend maître. Les Génois participent aussi à cette victoire décisive. Lors de leur retour, ils rapportent d’Orient le plat sur lequel aurait été déposée par Salomé la tête de saint Jean-Baptiste. Cette relique se trouve depuis dans la cathédrale de San Lorenzo. Or, celle-ci fut reconstruite à la même époque en style roman. En témoignent encore aujourd’hui le narthex, les portails latéraux, et, à l’intérieur, les colonnes de la nef, mais le reste de l’édifice fut ensuite achevé en style gothique.

Juillet 1100 : Une nouvelle compagna se met en place avec six consuls. Au même moment, l’évêque Airaldo exhorte le peuple génois à prendre les armes contre les musulmans.

1er août 1100 : Départ d’une troisième expédition en Terre Sainte, cette fois véritablement officielle : la compagna se charge en effet d’armer vingt-six galères et quatre ou six navires de transport, dont elle confiera par la suite le commandement à Guglielmo Testadimaglio. A son bord prennent place le légat du pape Pascal II, le cardinal Maurizio, évêque de Porto, et le chroniqueur Caffaro lui-même. D’après lui, les prélats en question auraient, avec l’aide des Génois, convaincu Baudouin d’Edesse d’accepter la couronne de Jérusalem, après la mort de Godefroy de Bouillon. A son retour, Caffaro entreprendra en effet la rédaction en latin des Annales, une histoire de la ville, commençant avec le début des croisades et l’avènement de la Commune.

1104 : Les Génois participent à la prise de Gibelet le 28 avril – donnée ensuite à la famille génoise des Embracio – et à celle d’Acre le 26 mai.

1109 : Les Génois participent à la prise de Tripoli de Syrie (aujourd’hui Tripoli du Liban).

1110 : Les Génois participent à la prise de Beyrouth. Dans chacun des ports ainsi conquis, un quartier leur est spécialement réservé, comme à Antioche.

1113 : En conflit avec les comtes de Lavagna, les Génois s’emparent par la force de leurs châteaux dans la Riviera du Levant. Au sud-est de la Ligurie, ils achètent en revanche le château et le vieux bourg de Portovenere aux seigneurs de Vezzano.

1122 : Caffaro devient consul pour la première fois, au moment où cette charge devient annuelle.

1130 : Les Génois lancent une expédition dans la zone de Vintimille afin de contrôler la Provence. Ils s’affirment aussi dans la région de l’Oltregiogo. Au nord de Gênes, elle couvre une partie des Apennins. Dans la cité même de Gênes, se développe autour du port naturel le quartier de la Ripa, qui devient le cœur économique et social de la cité. Par ailleurs, à partir de 1130, les anciens consuls conservent leur pouvoir exécutif, mais cèdent leur pouvoir judiciaire à de nouveaux consuls dits « de justice ».

1132 : La rivalité entre Génois et Pisans, déjà exacerbée par leur volonté mutuelle d’hégémonie sur la Corse, se poursuit le long des côtes du Bas-Languedoc et de la Catalogne. Dans ce contexte, Gênes installe une position stratégique à Narbonne et occupe véritablement une place dominante dans l’espace méditerranéen occidental.

1133 : Gênes devient le siège d’un archevêché, sous le pontificat d’Innocent III, et obtient à son tour le privilège d’administrer, en partage avec Pise, les diocèses corses. La même année, elle se dote de son premier sceau communal, avec gravés, d’un côté la porte, symbole de la ville, et de l’autre San Siro.

1138 : Dans la Riviera du Levant, Gênes impose aux seigneurs de Lagneto, de Nascio et de Cogorno de prêter serment à la compagna et les contraint à résider désormais dans les murs mêmes de la cité. Au même moment, celle-ci obtient du Saint Empire romain germanique le droit de battre monnaie à perpétuité. La même année enfin, l’artiste toscan Maestro Guglielmo réalise en Ligurie la croix dite « de Sarzana », sur laquelle est représentée la Crucifixion, œuvre majeure, première en son genre, et dont s’inspireront de nombreux artiste d’Italie du Nord, notamment en Toscane et en Ombrie.

1139 : Au sud-est de la Riviera du Levant, les Génois bâtissent un nouveau bourg à Portovenere.

1140 : Gênes s’empare de Vintimille, mais accorde à ses habitants de nombreux droits et privilèges. Le port de Gênes de plus en plus actif et florissant accueille de nombreux marchands et banquiers étrangers.

1142 : Ultime épisode de la guerre avec les seigneurs de Lavagna, finalement contraints eux aussi de jurer la compagna et de venir habiter à Gênes.

1145 : Les Génois, mais aussi les Pisans, participent à la croisade contre les Sarrasins de Tortosa aux côtés d’Alphonse VII de Léon-Castille et de Raymond-Bérenger IV d’Aragon, du seigneur de Montpellier Guillaume VI, du roi de Navarre Garcia Ramirez.

1146 : Cette fois, les Génois décident d’attaquer Minorque, la plus proche des bases sarrasines dans les Baléares. Leur succès est éclatant.

1147 : Bernard de Clairvaux prêche la seconde croisade, mais les Génois n’y prennent pas part, car ses objectifs sont trop éloignés des escales côtières qui, seules, les intéressent. Ils lancent en revanche de nouvelles expéditions en Espagne et participent notamment à la prise d'Almeria le 16 octobre.

30 décembre 1148 : Tortosa tombe définitivement, Gênes recevra en récompense un tiers de la ville, qu’elle revendra finalement au comte Raymond-Bérenger IV.

1149 : Gênes, opportuniste, privilégie cependant ses intérêts commerciaux et passe à cette date un accord avec le roi maure de Valence.

1153 : Gênes passe une convention avec Savone, principale ville du Ponant. Si Gênes est parvenue à étendre son district, dans les terres et sur la côte, et à poser les bases de son empire maritime, elle connaît alors une crise politique importante. D’après Caffaro, « plongée dans un profond sommeil, pratiquement en léthargie », elle est comme « un navire qui va sur les mers sans capitaine ». La compagna, très endettée, peine à exercer son pouvoir exécutif. Pour protester contre cette situation de fait, les nouveaux consuls refusent un temps d’assumer le gouvernement de la cité. Mais les événements extérieurs obligeront bien vite cette dernière à dépasser ses difficultés internes.

Gênes, au cœur du conflit entre la papauté et l'empire, et acteur incontournable de la troisième croisade (de 1154 à 1192)

L’histoire génoise est marquée dans la seconde moitié du XIIe siècle par les relations avec Frédéric Ier de Hohenstaufen, dit « Barberousse », alors que les conflits entre les partisans de la papauté et ceux du Saint Empire romain germanique sont ravivés en Italie du Nord. A peine élu sur le trône, en 1142, Frédéric Ier exige en effet la reconnaissance de Rome et se rend deux ans plus tard dans la péninsule afin d’obliger les Communes libres à prendre parti. En réponse à cette incursion, Gênes, jalouse de son indépendance, se dote d’une nouvelle enceinte qui transforme considérablement son tissu urbain. Alliée à Milan, elle n’a d’autre choix cependant, après la défaite de la cité lombarde, que d’accepter les conditions imposées par l’empereur à la Diète de Roncaglia, en 1158. Mais elle fait vite volte-face et se range l’année suivante du côté du pape Alexandre III, dont elle obtient d’ailleurs de nombreux avantages. Frédéric Barberousse se rapproche alors de Pise, ennemi héréditaire de Gênes, et à qui elle dispute le contrôle de la Sardaigne. Mais si l’empereur fixe les limites du district génois, empêche au-delà de Monaco l’expansion vers le Var et favorise les seigneurs locaux, il ne parvient pas à imposer sa domination à la cité ligure, dont il reconnaît officiellement l’indépendance. Gênes jouera d’ailleurs un rôle majeur dans la troisième croisade (1189-1192), à laquelle l'empereur participe lui-même aux côtés de Philippe-Auguste et de Richard Cœur de Lion, avant de mourir en 1190. Pourtant, en dépit de son engagement en Terre Sainte, Gênes, préoccupée avant tout par ses intérêts commerciaux, n’hésite pas non plus à conclure des accords avantageux avec certains princes musulmans, dont l’émir de Valence. A la fin du XIIe siècle, elle affrète aussi régulièrement des bateaux pour le transport vers la Mecque des pèlerins musulmans d’Espagne et du Maghreb.

1154 : Frédéric Barberousse de Hohenstaufen, empereur du Saint Empire romain germanique depuis 1152, se rend en Italie, afin d’obliger les Communes, notamment celle de Gênes, à se prononcer pour ou contre lui. La cité organise sa défense en faisant élever au nord une nouvelle muraille, achevée en cinquante-trois jours et qui englobe désormais San Siro. L’enceinte sera encore agrandie l’année suivante, faisant passer Gênes de 20 à 42 hectares.

1155 : Tandis que Milan conteste l’autorité de Frédéric Barberousse, Gênes se rapproche de Byzance dont elle accueille en octobre le légat Demetrio Makrembolites, avec qui elle négocie des accords commerciaux en échange d’une aide militaire.

Novembre 1156 : La Commune conclut aussi une alliance commerciale avec le nouveau roi de Sicile, Guillaume Ier, qui promet de favoriser sur l’île les Génois et d’écarter en revanche les Provençaux.

1156-1157 : Gênes s’allie avec Milan contre Frédéric Barberousse.

Septembre 1158 : Milan capitule face à l’empereur germanique.

Novembre 1158 : Frédéric Barberousse, qui entend soumettre toute l’Italie, convoque une Diète à Roncaglia. Les Génois refusent d’abord de payer le tribut demandé par l’empereur, mais finissent quelques mois plus tard par s’y résoudre, tout en prêtant serment de fidélité.

1159 : Election du pape Alexandre III.

1160 : Les murs de Gênes sont renforcés par une série de tours flanquantes et comptent 1 070 créneaux. C’est la troisième muraille de la ville.

1161 : Les Génois achèvent de construire l’enceinte fortifiée de Portovenere, englobant l’ancien et le nouveau bourg. La même année, ils renouvellent le traité de 1149 avec l’émir de Valence. Frédéric Barberousse, enfin, concède le fief de Varese Ligure à l’illustre famille génoise des Fieschi, dont les descendants feront bâtir au XVe siècle le château que l’on admire encore aujourd’hui.

1162 : En route pour la France, le pape Alexandre III est reçu avec faste à Gênes pendant trois mois. A cette occasion, il confie à l’archevêché la gestion du diocèse d’Albenga, dans la Riviera du Ponant. La même année, trois cents marchands génois subissent à Constantinople l’attaque d’un millier de Pisans et sont contraints d’abandonner leurs biens. Gênes déclare alors la guerre à Pise, qui conclut simultanément une alliance avec le Saint Empire romain germanique. Frédéric Barberousse vient de soumettre Milan. Cependant, face aux nombreuses victoires génoises, notamment en Sardaigne, il se résout à accorder à Gênes toute la côte entre Monaco et Portovenere, et fait mine de reconnaître l’indépendance de la Commune, tout en lui concédant des droits en Sicile. Mais cet engagement restera sans suite, d’autant que l’empereur continue de favoriser, notamment dans les terres, l’ancien système féodal, en garantissant les prérogatives des seigneurs locaux.

1164 : En Sardaigne, Barisone II d’Arborée soutient la nomination de l’archevêque de Gênes comme primat et légat apostolique dans l’île.

1165 : Sur la Riviera du Ponant, Albenga est attaquée et en partie détruite par les Pisans qui contestent à son allié génois le contrôle de la Sardaigne.

1168 : Gêne renouvelle une convention avec Savone.

1169 : Confirmation des accords passés en 1154 et 1161 avec les Almohades d’Afrique du Nord et d'Espagne.

1170 : Comme Pise à la même époque, et en échange d’un soutien militaire, la Commune de Gênes obtient de Byzance de nouveaux avantages économiques et commerciaux : ainsi la libre circulation en direction de la mer Noire et l’attribution d’un quartier entier de Constantinople, dit « le Coparion ».

1171 : Le Coparion est attaqué par les Vénitiens.

1173 : Le rabbin espagnol Benjamin de Tudèle, l’un des plus grands voyageurs du XIIe siècle, définit les Génois comme « les seigneurs de la mer ».

1174 : La même année, Gênes conclut plusieurs accords de paix, l’un sur le continent avec les Malaspina, représentants de la lignée des Obertenghi, et l’autre en Sicile avec les Normands de Guillaume. En Sardaigne enfin, ils obtiennent contre les Pisans le monopole du commerce.

1175 : A l’initiative de Frédéric Barberousse, Gênes et Pise acceptent de respecter une trêve, mais elle restera de courte durée.

1178 : Construction d’un bourg fortifié à Chiavari, dans la Riviera du Levant, alors que Gênes s’oppose dans la région aux Fieschi, rivaux des Doria.

1179 : Gênes, rangée prudemment du côté guelfe, se voit confirmer lors du troisième concile de Latran, les privilèges de son archevêché par le pape Alexandre III.

1181 : Gênes renouvelle une convention avec Savone.

1184 : Au nord-est de l’actuelle Ligurie, dans les Apennins, l’abbaye Saint-André-de-Borzone, fondée dans le courant du XIIe siècle à partir des vestiges d’une forteresse byzantine, est cédée aux moines bénédictins de Marseille. Aujourd’hui encore, c’est l’une des plus importantes abbayes bénédictines en Italie.

1187 : En Terre Sainte, Jérusalem est reconquise par l’armée de Saladin.

1188 : Dans ce contexte, les papes Grégoire VIII puis Clément III veulent empêcher les forces chrétiennes de s’opposer entre elles et obtiennent un accord de paix entre Gênes et Pise, stipulant « la réciproque liberté d’aller par mer, de naviguer, d’accoster dans un quelconque port et d’y échanger des marchandises ».

1189 : Début de la troisième croisade, à laquelle participent Richard Cœur de Lion, Frédéric Barberousse et Philippe Auguste. Ce dernier envoie Hugues III, duc de Bourgogne, auprès des Génois pour armer une flotte capable de transporter 650 cavaliers, 1 300 chevaux et autant d’écuyers. Tous s’embarquent au début du mois d’août. La même année est consacrée dans le centre de Gênes l’église San Donato, caractérisée par son clocher octogonal, qui inspirera au XXe siècle les architectes de la tour San Benigno, un gratte-ciel surnommé, « il matitone », c’est-à-dire le « gros crayon ».

10 juin 1190 : Mort de Frédéric Barberousse.

1191 : La commune de Savone, en rivalité avec Gênes aspirant elle aussi à élargir son district, rachète aux seigneurs Del Carretto le marquisat de Finale.

12 juillet 1191 : Acre tombe aux mains des croisés en grande partie grâce à la flotte des Génois, qui en tireront ensuite de nombreux avantages.

1192 : Fin de la troisième croisade. Conrad de Montferrat, allié des Génois, devient pour quelques mois roi de Jérusalem.

Après 1192 : Des navires génois transportent des pèlerins musulmans d’Espagne et d’Afrique du Nord vers la Mecque.

L'inauguration de la Commune des podestats (de 1192 à 1250)

Au début du XIIIe siècle, Gênes, afin de dépasser les rivalités entre les différents lignages, adopte une solution originale de gouvernement. Elle confie en effet les rênes du pouvoir à un podestat étranger originaire d’une autre cité, élu pour une année et en mesure d’arbitrer les conflits internes. Ce dernier réunit en ses mains à la fois le pouvoir exécutif et judiciaire, et l’assemblée, rarement consultée, se contente désormais d’approuver – aux cris de fiat, fiat ! – des lois déjà votées. Sur le plan extérieur, Gênes se range d’abord du côté de Frédéric II, auquel elle fournit sur les mers de nombreux amiraux, en échange d’importants avantages commerciaux. Mais lorsque éclate véritablement le conflit entre guelfe et gibelins – c’est-à-dire entre partisans du pape et de l’empereur –, Gênes se refuse à favoriser l’un ou l’autre parti dans le choix des podestats et s’attire les foudres de Frédéric II, qui s’allie à Pise, son ennemi héréditaire, et favorise dans les territoires du district génois de nombreux soulèvements. Gênes se rapproche alors de Milan et rejoint la ligue. Par ailleurs, la perte des avantages concédés par l’empereur en Sicile oblige Gênes à se tourner sur le plan commercial vers la Provence et le Maghreb, comme à contrôler plus strictement son domaine.

1192 : Au moment où s’achève la troisième croisade, les Génois réunis en assemblée décident d’abandonner le consulat et de se doter d’un podestat étranger, à même, par son impartialité, de diriger la cité. L’assemblée ne garde dès lors qu’un caractère formel. A cette occasion, le sceau de la commune est modifié avec, à la place de San Siro, l’image d’un griffon, emblème de la cité et symbole de son pouvoir croissant en Orient.

1194 : Henri VI de Hohenstaufen, fils et successeur de Frédéric Ier, se rend en Italie avant de gagner la Sicile. Il confirme alors aux Génois le droit de battre monnaie, non sans leur avoir demandé leur soutien naval et militaire, en échange d’accords commerciaux.

1196 : Pour réduire la rivalité entre les grandes familles de Gênes et empêcher toute domination de l’une sur les autres, des lois obligent les nobles à réduire à 80 pieds au maximum la hauteur de leurs tours, comme en témoigne encore aujourd’hui la Torre degli Embriaci.

28 septembre 1197 : Mort prématurée d'Henri VI. Or, celui-ci avait annulé toutes les concessions promises aux Génois.

17 mai 1198 : Agé de 3 ans, Frédéric, fils de l’empereur Henri VI, est couronné roi de Sicile.

A la fin du XIIe siècle : Gênes compte environ 30 000 habitants. Elle signe un traité de paix avec Albenga en 1099, puis avec Vintimille et Noli. Sur le plan commercial, elle est présente sur les côtes atlantiques de l’Afrique septentrionale.

1204 : La quatrième croisade s’achève par le sac de Constantinople, auquel ne participe pas Gênes. 1204 voit aussi le début de la construction de la cathédrale de Santa Maria d’Assunta de Sarzana, une ville qui sera annexée en 1592 par la république de Gênes. La même année, l’aventurier génois Alamanno da Costa, surnommé « prince des pirates », s’empare de Syracuse et s’y fait proclamer comte au nom de Gênes. Syracuse ne tarde pas dès lors à devenir le centre du commerce de blé des Génois. Quelques années plus tard, un autre pirate d’origine ligure, Guglielmo Grosso, deviendra grand amiral de Sicile et comte de Malte. 1212 : Frédéric monte sur le trône de Germanie, mais souhaite devenir empereur comme son père. Les Génois, qui ont obtenu d’autres établissements, à Naples, Messine, Trapani, ainsi que des exemptions douanières à Syracuse, le soutiennent lors du schisme impérial, en lui envoyant notamment une flotte de quatre galères. En mars, Frédéric débarque à Gênes et réside chez Nicolas Doria. 1216 : Pour satisfaire les exigences du pape Innocent III, Frédéric sépare les couronnes de Germanie et Sicile et cède cette dernière à son fils Henri VII.

1217 : L’église San Stefano de Gênes est reconstruite en style roman. Sa façade alternant bandeaux de marbres noirs et blancs s’inscrit typiquement dans la tradition romane de Pise et de Ligurie.

24 mars 1218 : Signature à Parme d’un traité de paix avec Venise.

1219 : Le pape obtient de Pise, Venise et Gênes qu’elles participent ensemble à la cinquième croisade à Damiette, en Egypte.

1220 : Frédéric est couronné empereur du Saint Empire romain germanique sous le nom de Frédéric II. Il confirme aux Génois leurs précédents privilèges et leur accorde le droit de construire une place-forte à Monaco.

A partir de 1225 : La poésie courtoise pénètre en Ligurie, proche des pays de langue d’Oc, et inspire entre autres les compositions du Génois Percivale Doria. A la même époque, la famille Doria, fait agrandir près de Portofino l’abbaye bénédictine de San Fruttuoso, qui surplombe la mer.

1225 : L’empereur se marie avec Isabelle-Yolande de Brienne, héritière du royaume de Jérusalem.

Pâques 1226 : Frédéric convoque une diète à Crémone et annonce son projet de restauration des droits impériaux en Italie, ce qui déclenche la seconde Ligue lombarde.

Juillet 1226 : Les Génois n’adhèrent pas à la ligue et obtiennent à Pontremoli la confirmation de leurs droits précédents. Peu après, la Commune fait placer sur la façade de San Lorenzo un griffon de bronze, symbolisant la gloire et la puissance et de la cité.

1227 : Dans la rivière du Levant, Gênes est confrontée à un vaste soulèvement de feudataires, orchestré par Frédéric II en personne. Ce dernier prend officiellement Savone et Albenga sous sa protection. Gênes s’empare alors de Savone, dont elle détruit les murailles, les portes et le port. Peu après, Albenga, mais aussi Alba, Alessandria et Tortona se rendent à leur tour. En quelques mois, la Riviera est totalement pacifiée.

1227 : Conjuration sans suite de Guglielmo de Mari. La même année est élu le pape Grégoire IX, proche des Génois. Il décide en revanche d’excommunier Frédéric II, lui reprochant de ne pas avoir tenu la promesse prononcée lors de son couronnement de lancer la sixième croisade.

1228 : Naissance à Varazze de Jacques de Voragine, auteur de La Légende dorée. Ses cendres sont conservées dans l’église de San Domenico, fondée en 1419. Parti finalement pour la croisade, Frédéric II négocie avec le sultan d’Egypte de reprendre Jérusalem.

1229 : Le podestat choisi cette année-là est Jacopo de Balduino, célèbre juriste et maître de l’université de droit de Bologne.

1230 : Accords de San Germano. Le pape lève l’excommunication de Frédéric II après avoir obtenu sa promesse de respecter les libertés ecclésiastiques dans le royaume de Sicile. Construction d’un môle dans le port de Gênes.

1231 : Frédéric II convoque la diète de Ravenne et demande à Gênes de ne plus choisir de podestats originaires de cités acquises à la ligue, mais se heurte à un refus sans appel.

1238 : Gênes se rallie à la ligue, en raison d’une rébellion dans la Rivière du Ponant, une nouvelle fois appuyée par l’empereur.

1239 : Le pape Grégoire IX menace d’excommunier à nouveau Frédéric II.

Août 1240 : Frédéric II envoie contre Gênes la flotte pisane.

1241 : Les Pisans remportent une éclatante victoire devant l’île del Giglio. Seules cinq galères génoises peuvent s’enfuir sur vingt-sept. Parmi les Génois, on compte 2 000 morts et blessés, 4 000 prisonniers dont des archevêques, des évêques et trois légats du pape. Sur les terres, les Rivières de Gênes sont à nouveau attaquées et Lerici est prise par Pise. Dans la cité même de Gênes, les luttes internes continuent. Pour la première fois apparaissent dans les textes les termes de guelfes et de gibelins, les premiers étant ralliés au pape et les seconds à l’empereur. Or, malgré l’engagement guelfe de la Commune, les amiraux entrés au service de l’empereur sont la plupart d’origine génoise, à l’exemple de Niccolo Spinola. Le pape Grégoire IX meurt durant l’été.

1243 : Une flotte génoise échappe aux Pisans au large de Levento et se rend à Civitavecchia, où elle embarque l’ancien cardinal génois Sinibaldo Fieschi, élu récemment pape sous le nom d’Innocent IV, et menacé par l’empereur. Peu de temps après, Frédéric II se rend maître de Parme.

1246 : Durant la croisade de saint Louis, le commandement de la flotte française est confié aux amiraux génois Ugo Lercaro et Jacopo da Levanto.

18 février 1248 : Avec l’aide de six cents arbalétriers génois, les Parmesans parviennent, en l’absence de l’empereur, à s’emparer de Vittoria et de la totalité du trésor impérial.

13 décembre 1249 : Mort de Frédéric II.

Le premier âge d'or de Gênes (de 1250 à 1338)

Au milieu du XIIIe siècle, les partisans guelfes et gibelins se déchirent à Gênes et favorisent à nouveau les conflits de lignages. Ces troubles et luttes intestines, assortis d’une crise financière et économique encouragent les Génois à désavouer le podestat. Celui-ci est remplacé par un capitaine du peuple, en la personne du banquier Guglielmo Boccanegra. Soutenu par les gibelins, mais aussi par le popolo, notamment les artisans, il ne concède pas pour autant à ces derniers, réunis en corporations, les droits escomptés et affirme une conception autoritaire du pouvoir. Il sera finalement chassé à son tour en 1262, malgré son attitude clémente envers les guelfes. A cette date, cependant, il a déjà engagé d’importants travaux d’urbanisme, avec, entre autres, la rénovation de l’ancien port, et assisté au renouveau économique de la cité, dont l’activité commerciale s’étend désormais jusqu’en mer Noire et au-delà. Si les Génois reviennent un temps au système gouvernemental du podestat, ils instaurent à partir de 1270 celui d’une dyarchie, avec deux capitaines du peuple. A l’intérieur, la paix civile n’est pas garantie pour autant et Gênes demeure le théâtre de conflits politiques, notamment entre guelfes et gibelins jusqu’au XIVe siècle. Sur les mers, elle affirme sans cesse sa suprématie militaire et commerciale, contre les Angevins, mais aussi contre Pise, définitivement écrasée à la bataille de la Meloria, et contre Venise, vaincue à la bataille de Curzola.

Vers 1250 : Premières exportations de draps génois.

1252 : première frappe de genovino, une monnaie d’or pur qui permettra l’affirmation des marins et commerçants génois dans les places les plus lointaines. Ils sont présents en effet non seulement en Palestine et en Syrie, mais aussi en mer Noire et en mer Caspienne, et, au-delà, en Perse, en Inde et jusqu’en Chine.

1253 : Le traité de paix avec Venise n’est pas reconduit. A Gênes même, les Fieschi achètent quatre maisons à Guglielmo Doria et les transforment en un palais pour Alberto Fieschi.

1256 : Albenga, Savone, Vintimille et Lerice, ne bénéficiant plus du soutien de l’empereur, ont finalement pactisé avec Gênes. Celle-ci a racheté aussi le château d’Andore. Génois et Vénitiens s’affrontent à Acre, puis à Nègrepont et sur les bords de la mer Noire. Portovenere aide Gênes dans la conquête de Lerici de Pise. En remerciement, Gênes se serait engagée à bâtir l’église San Pietro à Portovenere, mais sa construction ne commencera qu’en 1277.

1257 : A cette date, le podestat devient capitaine du peuple en la personne de Guglielmo Boccanegra, un riche banquier. L’ancien podestat avait en effet suscité la colère de l’assemblée par ses malversations et avait été écarté au cri de « Fiat populus ». Sur le sceau communal, le griffon est remplacé par le symbole pacifique de l’Agnus Dei.

1258 : Le 24 juin, la flotte génoise est finalement battue par les Vénitiens, alliés aux Pisans devant le port d’Acre. Gênes perd une position fondamentale sur le plan économique. Son activité commerciale se déplace alors vers Tyr, Sidon et Tripoli. A la même époque, la lutte contre Pise est attisée en Sardaigne.

1259 : Les nobles guelfes ourdissent un complot contre Boccanagra. Ils sont d’abord bannis et leurs maisons détruites.

1260 : L’année suivante Boccanegra accorde son pardon à ses anciens adversaires, qui reviennent dans la cité. Il charge l’architecte Fra Ilivieri, moine cistercien, d’agrandir le port de Gênes et de construire un palais qui deviendra siège du gouvernement sous le nom de palais de la Mer à partir de 1270. C’est l’actuel palais San Gorgio.

13 mars 1261 : Traité de Nymphée avec l’empereur byzantin, Michel Paléologue, qui en échange d’un soutien militaire sur les mers, accorde aux Génois des droits exclusifs sur le commerce de la mer Noire. Pour le pape, il s’agit d’une véritable trahison vis-à-vis de la Chrétienté latine. Manfred, roi de Sicile, occupe à cette date la Sardaigne et concède aussi aux Génois de nombreux privilèges.

1262 : Vintimille tombe aux mains de Gênes. En mai, Boccanegra est finalement destitué par les aristocrates qui restaurent le gouvernement de podestat. Réfugié en France, il entre au service de saint Louis qui le charge de construire les murs d’Aigues-Mortes. A Gênes, les grandes familles  ainsi les Grimaldi, les Fieschi, les Spinola et les Doria  recommencent à s’affronter.

1267 : Les Génois installent un quartier à Constantinople, redevenue capitale byzantine en 1261.

1269 : Le nouveau roi de Sicile, Charles Ier d’Anjou, exige de la Commune de ne plus choisir de podestat parmi le camp gibelin, et suscite ainsi à Gênes de nombreux troubles politiques.

2 juillet 1270 : Participation génoise à la huitième croisade dirigée par saint Louis.

25 août 1270 : A la mort de saint Louis, le commandement de la flotte passe à son frère Charles d’Anjou. Or, ce dernier n’aspire qu’à étendre son hégémonie sur l’Italie et suscite de vives inquiétudes à Rome comme à Gênes.

28 octobre 1270 : Les Grimaldi sont expulsés ainsi que le podestat parmesan Rolando Putagio. Il est remplacé par deux capitaines de la Commune, Oberto Spinola et Oberto Doria. Oberto Spinola s’installe dans le palais construit pour Alberto Fieschi en 1253. Transformé depuis à plusieurs reprises, il s’agit de l’actuel Palazzo ducale.

1274 : Les Génois affrontent les forces de Charles Ier d’Anjou en Corse et en Sicile, où ils attaquent Messine. L’amiral Pignatorio fait ensuite défiler dans la baie de Naples ses galères victorieuses et traînant dans l’eau les étendards royaux.

Vers 1275 : Fondation en Crimée de la colonie de Caffa sur des terres vendues aux Génois par le khan des Tartares.

18 juin 1276 : Le pape Innocent V, proche des Génois, fait cesser le conflit avec les Angevins par le traité de Rome.

1277 : Construction de l’église San Pietro à Portovenere, face à la mer. La façade, typique de l’art roman local, est striée de bandeaux en pierre noire et blanche.

1283 : Nouveaux travaux d’agrandissement du port de Gênes en partie financés par le butin de l’opération menée par l’amiral Tommaso Spinola contre les Pisans dans les eaux de Sardaigne et de Corse.

1284 : Bataille de la Meloria, au large de Livourne, en mer Tyrrhénienne, qui s’achève, sous le commandement d’Oberto Doria et de Benedetto Zaccaria, par la victoire écrasante de Gênes contre Pise. Avec vingt-neuf galères prises, sept coulées, plus de 8 000 prisonniers, et près de 5 000 morts, Pise ne se relèvera pas et entamera un long déclin avant son annexion par Florence en 1406.

1287 : L’envoyé du khan Argun, Rabban Sauma note au cours de son voyage à Gênes : « Dans ce lieu, il n’y a pas de roi : le peuple choisit selon son plaisir un chef qui le gouverne. »

1er janvier 1289 : A la suite d’une insurrection guelfe rapidement maîtrisée, mais révélatrice d’un malaise, les institutions génoises sont en partie modifiées. On décide que nobles et gens du peuple se partageront les charges de conseillers, on réévalue la fonction de l’assemblée et on remplace les deux capitaines locaux par un capitaine « à perpétuité étranger à la cité de Gênes », mais soutenu par un abbé du peuple.

1290 : Gênes détruit les ports de Pise et de Livourne.

Mai 1291 : Deux siècles avant Vasco de Gama, les Génois Ugolino et Vadino Vivaldi partent pour les Indes « à travers la mer océane », franchissent Gibraltar et disparaissent aux confins de l’Afrique noire.

1292 : L’amiral génois Benedetto Zaccaria entre au service du roi de Castille afin de défendre Gibraltar contre les Mérinides marocains. Le 13 avril, le pape Nicolas IV nomme archevêque de Gênes le dominicain Jacques de Voragine, auteur de la célèbre Légende dorée.

1293 : Philippe le Bel engage des Génois à la tête des chantiers navals de Rouen. On compte parmi eux Alberto Spinola et, surtout, Enrico Marchese, dit « Henri le Marquis ». Benedetto Zaccaria les y rejoint l’année suivante et est nommé amiral pour la couronne de France.

1295 : Le pape Boniface VIII obtient la paix de Gênes et de Venise. Il évoque « une paix générale et universelle dans la cité de Gênes entre ceux qui se faisaient appeler gibelins et ceux qui se faisaient appeler guelfes, parmi lesquels existaient de grandes oppositions, de nombreuses divisions et des discordes périlleuses ». Mais, dès la fin décembre, les affrontements reprennent dans la cité, théâtre de nouveaux troubles politiques. Un double capitanat dirigé par les gibelins Corrado Spinola et Corrado Doria est mis en place.

Entre 1296 et 1298 : Jacques de Voragine rédige à la fin de sa vie sa Chronica civitatis Januensis (Chronique de la ville de Gênes).

1297 : Le capitaine Corrado Doria se met au service du nouveau roi de Sicile Frédéric II, en tant que grand amiral. Or, ce souverain est l’adversaire du pape Boniface VIII. La même année, le pontife reçoit hommage et serment de fidélité du roi d’Aragon pour le royaume de Sardaigne et de Corse.

7 septembre 1298 : Bataille de Curzola, au large de la Dalmatie dans l’Adriatique. Sous le commandement de Lamba Doria, les Génois écrasent alors les Vénitiens, dont ils brûlent soixante-six galères et en coulent dix-huit autres. Pour remercier l’amiral victorieux, Gênes lui offre un palais construit quelques décennies plus tôt sur la piazza San Matteo, encore appelé aujourd’hui le Palazzo di Lamba Doria.

1299 : Paix signée à Milan avec Venise à l’avantage de Gênes qui s’assure la suprématie dans le Bosphore et en mer Noire.

Au début du XIVe siècle : Gênes compte autour de 50 000 habitants.

22 novembre 1311 : Gênes et son domaine sont cédés à Henri VII, afin de mettre fin aux dissensions entre guelfes et gibelins.

1312 : La darse du port de Gênes agrandie et fortifiée d’une première tour.

1312 : Début de l’expédition en mer de Malocello, qui découvrira les Canaries.

1313-1314 : Dans le domaine de la sculpture, le monument funéraire de Marguerite de Brabant, morte à Gênes en 1311, est l’une des réalisations les plus notables de cette période. Visible aujourd’hui au museo di Sant’Agostino à Gênes, il fut commandité par l’empereur Henri VII au Toscan Giovanni Pisano.

24 août 1313 : L’empereur Henri VII meurt prématurément près de Sienne.

10 novembre 1317 : Coup d’Etat à Gênes entraînant le départ des gibelins. Les Doria et les Spinola, chefs des exilés, reviennent et imposent à la ville un blocus, comparé par les contemporains au siège de Troie. Les Grimaldi et les Fieschi, à la tête des guelfes, obtiennent le soutien de Robert d’Anjou, qui envoie en renfort 1 200 soldats et vingt-cinq galères.

27 juillet 1318 : Le gouvernement de Gênes est officiellement confié à Robert d’Anjou devant la cathédrale San Lorenzo. Celle-ci est achevée dans les premières décennies du XIVe siècle en style gothique.

1320 : La Sardaigne est abandonnée aux Aragonais qui chercheront ensuite, sans succès, à dominer la Corse.

2 septembre 1331 : La paix de Naples met fin aux blocus et apaise temporairement les tensions entre les guelfes et les gibelins.

1335 : Les gibelins reconquièrent le pouvoir et mettent à nouveau en place le système de la dyarchie avec l’élection de deux capitaines du peuple, Raffale Doria et Galeotto Spinola.

1337 : Début de la guerre de Cent Ans, durant laquelle s’illustreront les arbalétriers génois comme mercenaires au service du roi de France. Celui-ci recevra aussi un soutien sur les mers, avec le renfort, dès 1338, de vingt galères génoises.

Le régime dogal à la fin du Moyen Age (1339-1499)

En 1339 commence la période des doges dits « perpétuels », mais dont la plupart n’exerceront le pouvoir que de manière éphémère. Le premier, Simon Boccanegra, sera ainsi écarté cinq années plus tard au profit de Giovanni de Murta, avant de reprendre les rênes du gouvernement en 1356. Riche commerçant, issu du peuple, il défendra plutôt ses propres intérêts que ceux de ses semblables, et mènera un train de vie princier. Après sa mort, en 1363, on instaure de nouvelles lois permettant au popolo d’être pleinement représenté. Les Fregoso et les Adorno, puissantes figures de la classe émergente, se disputent désormais la fonction de doge, et arborent respectivement, en symbole de leur propre clan, le noir et le blanc. Or, en 1391, une conspiration menée contre le doge Antonietto Adorno oblige ce dernier à fuir. Au terme de tractations secrètes, il favorise alors la soumission de Gênes à la France. Dès 1401, le gouvernement de la cité est ainsi confié au maréchal Boucicaut, avant que celui-ci ne soit déchu en 1409. Mais, à peine l’indépendance retrouvée, sont ravivées les vieilles querelles intérieures, tandis qu'Alphonse V d’Aragon, en rivalité avec elle sur la Corse, cherche par tous les moyens à soumettre Gênes et à se venger ainsi de la défaite infligée à Ponza en 1435. Finalement, Gênes sera à nouveau cédée à la couronne de France en 1458, pour passer cinq années plus tard sous le contrôle des Sforza de Milan. Cette période est aussi marquée par la terrible épidémie de peste noire, par la chute de Constantinople qui ferme à Gênes les portes de débouchés commerciaux majeurs, et par la création de la banque Saint-Georges qui ne tardera pas à s’affirmer comme l’un des plus importants organes financiers en Europe.

24 septembre 1339 : Le riche commerçant Simon Boccanegra (1301-1362) est élu premier doge « perpétuel » de Gênes en remplacement des capitaines du peuple. Il donnera son nom à un opéra de Giuseppe Verdi.

1343 : Egidio Boccanegra, frère de Simon, devient grand amiral du royaume de Castille. La même année, la pression des Turcs conduit les Génois à une alliance de courte durée avec Venise.

Décembre 1344 : Simon Boccanegra est chassé de Gênes et remplacé par le banquier Giovanni de Murta.

1346 : Sous le commandement de Simone Vignoso, les Génois prennent Chio et Phocée, deux positions stratégiques essentielles entre l’Occident et la mer Noire, briguées aussi par Venise.

1348 : La peste noire décime la population génoise. Sur les 54 000 habitants que compte alors la cité, 20 000 vont trouver la mort.

Janvier 1350 : Le doge Giovanni de Murta est emporté à son tour et remplacé le 9 janvier par Giovanni de Valente. Peu de temps après, débute avec Venise la guerre de Caffa, capitale de Crimée et nœud fondamental du commerce avec l’empire mongol, mais aussi la Chine, d’où Gênes fait venir la soie.

13 février 1352 : Victoire génoise à la bataille du Bosphore. Gênes prend le contrôle des villes byzantines du Danube.

1353-1355 : Le 9 octobre 1353, le doge Giovanni de Valente renonce à sa charge suite à la défaite de la flotte génoise à Porto Conte contre quatre-vingt galères vénéto-catalanes. L’archevêque milanais Giovanni Visconti s’impose alors à Gênes comme arbitre, mais, à sa mort l’année suivante, ses neveux tentent de prendre le pouvoir. S’ensuit une période de troubles politiques.

1356 : Simon Boccanegra en profite pour revenir à Gênes et s’y imposer par la force. Après s’être emparé du Palazzo Ducale, il est proclamé doge.

1358 : Libre dédition de la Corse au gouvernement génois, pour contrer toute tentative de domination par l’Aragon.

1360 : La darse du port de Gênes est agrandie et fortifiée d’une seconde tour.

13 mars 1363 : Au lendemain d’un banquet en l’honneur du roi de Chypre, Simon Boccanegra trouve la mort, sans doute par empoisonnement. Le riche Gabriele Adorno est désigné comme doge, et, par des lois, fait reconnaître comme seul groupe dirigeant les populares, répartis entre marchands et artisans. Il gouverne avec le conseil des Anciens, l’assemblée des Quarante et celle des Trois-Cent-Vingt, et est assisté du podestat, un magistrat chargé de la justice, et du vicaire, un juriste étranger.

1367 : Gabriele Adorno est remplacé par Donemico Fregoso. Désormais, des représentants de ces deux familles vont se disputer pendant deux siècles le pouvoir.

A partir de 1368 : La chute de l’empire mongol à Pékin et l’avancée progressive des Turcs vers l’Occident appauvrissent le commerce de la Crimée au profit de celui de l’Egypte, dont les Vénitiens ont affirmé le monopole.

1371 : Engagés dans la guerre de Cent Ans, Ambrogio Boccanegra et sa flotte castillane l’emportent sur une escadre anglaise trois fois plus importante, lors de la bataille de la Rochelle.

1372 : Gênes l’emporte à Chypre contre les Vénitiens.

1376-1381 : Guerre de Ténédos, où les Vénitiens se sont installés, au nord de la mer Egée pour contrôler les Dardanelles.

17 juin 1378 : Nicola di Guarco est élu doge.

27 août 1378 : Pour enrayer en partie la dette publique, la république de Gênes cède la gestion de la Corse à un consortium génois de citoyens privés. Elle sera par la suite confiée à la banque Saint-Georges.

1379-1380 : Guerre de Chiogga en Vénétie, à l’avantage d’abord des Génois puis des Vénitiens.

8 août 1381 : Sous les auspices d’Amédée VI de Savoie, signature du traité de Turin qui met fin au conflit avec Venise.

Mars 1383 : Une révolte populaire dirigée par les bouchers de la cité oblige le doge à capituler. Il est remplacé par Leonardo de Montaldo, emporté par la peste quinze mois plus tard.

1384 : Antoniotto Adorno est élu doge.

1390-1391 : Conspiration de Pietro Campofregoso qui prend le pouvoir et contraint Antoniotto Adorno à fuir.

A partir de 1394 : Le peintre Nicolo da Voltri, né à Gênes, est actif dans la cité jusqu’en 1417. Sa Vierge à l’Enfant datée de 1401 est encore visible aujourd’hui dans l’église San Donato.

1394 : Antoniotto a tenté de reprendre le pouvoir en s’appuyant sur les Visconti, mais, dès 1394, traite secrètement avec le roi de France.

1396-1397 : Une assemblée génoise désigne le souverain français comme seul capable de rétablir la paix. Un traité de soumission de Gênes à la France est signé le 4 novembre. Gênes n’a plus de doge, mais Antoniotto est institué vicaire royal, avant de se retirer le 18 mars 1397.

Janvier 1400 : Le gouverneur français Collart de Calleville s’enfuit à Savone laissant Battista Boccanegra, fils de Simon, s’attribuer ses anciennes prérogatives.

Mars 1401 : Jean Lemeingre dit « Boucicaut », maréchal de France, est finalement désigné comme gouverneur. Violent et cruel, il n’hésite pas à faire décapiter Battista Boccanegra et à exposer sa tête en place publique.

Août 1404 : Boucicaut impose à Gênes l’obédience avignonnaise dans le contexte du grand schisme, mais celui-ci prendra fin treize ans plus tard.

1407 : Fondation de la célèbre banque de Saint-Georges. Institution privée, elle est dirigée par des membres de l’oligarchie génoise, perçoit les principaux droits d’entrée dans le port, mais accorde en retour d’importants prêts financiers à l’Etat génois. Soutien important du commerce en Orient, elle sera aussi sollicitée par de nombreux dirigeants européens, et bénéficiera les deux siècles suivants d’un véritable rayonnement international.

3 septembre 1409 : Les Génois déclarent déchu le gouvernement français. Le marquis Teodoro de Montferrat, gendre d’Obizzo Spinola, devient gouverneur trois jours plus tard.

4 juillet 1415 : Tomaso di Campofregoso est acclamé doge une première fois. A la fin de l’année, il débourse 60 000 ducats-or sur sa fortune personnelle pour diminuer la dette de la république.

3 novembre 1421 : Tomaso di Campofregoso cède Gênes à Milan pour la somme de 30 000 florins et l’attribution de la seigneurie de Sarzana. Filippo Maria Visconti devient maître de Gênes.

1426 : Etabli à Gênes, le peintre Donato de Bardi, originaire de Pavie, devient officiellement « pictor ». Son principal chef-d’œuvre, la Crucifixion, d’inspiration nordique, est conservé à la pinacothèque civique de Savone. De la même époque, le musée conserve aussi des œuvres du siennois Taddeo di Bartolo, qui fut actif aussi en Ligurie.

5 août 1435 : La bataille de Ponza, dans la mer Tyrrhénienne, s’achève par l’éclatante victoire de Gênes contre les Aragonais, qui déplorent la perte de onze galères, tandis que le roi d’Aragon et celui de Castille sont faits prisonniers.

1436 : La peste succède en Ligurie à la famine. Francesco Spinola, qui s’était déjà illustré l’année précédente dans la bataille de Ponza, délivre Gênes des troupes du duc de Milan. Le 3 avril, Tommaso Campofregoso est élu doge à nouveau. Ce second dogat, renouvelé en 1437, durera six années et sera marqué par la poursuite de la lutte contre le roi d’Aragon.

18 décembre 1442 : Tomaso Campofregoso est destitué par ses opposants.

28 janvier 1443 : Raffale Adorno est acclamé doge. Alphonse V, ne désarme pas et ne cesse de s’opposer à Gênes.

7 avril 1444 : Signature d’un traité de paix avec Alphonse V mais dont les conditions sont jugées humiliantes pour Gênes. Celle-ci est convoitée à la fois par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et par le roi d’Aragon, dont les partisans respectifs cherchent à s’affirmer à la tête de la cité.

1448 : Début de la construction dans la cathédrale San Lorenzo de la grande chapelle Saint-Jean-Baptiste en style gothique flamboyant. Elle ne sera achevée qu’en 1532. La même année, Pietro Campofregoso, neveu de Tomaso, devient doge.

Vers 1450 : L’église génoise Santa Maria di Castello, datée du IXe siècle, est agrandie par les dominicains, notamment d’un cloître décoré d’une fresque de Justus von Ravensburg, commanditée par la famille Grimaldi.

1451 : Naissance de Christophe Colomb à Gênes.

1453 : La prise de Constantinople par les Ottomans prive Venise et Gênes d’une partie de leurs bases maritimes et commerciales.

1458 : Le doge Pietro cède la république de Gênes au roi de France Charles VII. Jean, duc d’Anjou et de Calabre, fils du roi René, y est alors nommé gouverneur. La période de domination française dure cinq ans et est marquée entre autres par deux épidémies successives de peste.

1460 : Louis XI fait appel à des artisans génois pour développer l’industrie de la soie à Tours.

Avril 1464 : Les Sforza affirment sur Gênes leur domination. Louis XI, proche du duc et de la duchesse de Milan – Francesco Sforza et Bianco Maria Visconti – ne s’y oppose pas. Les quatorze années de gouvernement milanais sont placées sous le signe de la paix retrouvée, notamment avec le roi d’Aragon et avec Ferrante de Naples.

30 novembre 1466 : Naissance d’Andrea Doria, amiral et mécène, figure majeure de la Renaissance génoise.

1475 : Les Ottomans prennent Caffa aux Génois et les chassent de l’archipel.

1478 : Les troupes milanaises de Gian Galeazzo Sforza, fils de Francesco et de Bianco Maria, sont expulsées de Gênes. Prospero Adorno puis Battistino Campofregoso, fils de Pietro, deviennent successivement doges. A cette date et jusqu’en 1501, le peintre milanais Carlo Braccesco est attesté en Ligurie, notamment à Gênes.

1481 : Cristoforo Grassi peint une vue panoramique de Gênes, dont témoigne encore aujourd’hui une copie réalisée 1597 et conservée au Museo civico navale de Pegli, une commune intégrée à la ville de Gênes en 1926.

1487 : Guerre de Sarzana. La ville située non loin de La Spezia est en effet disputée aux Génois par Laurent de Médicis. Malgré leur riposte militaire, les Génois sont battus et Sarzana capitule le 22 juin.

1488 : Les forces milanaises se rendent maîtresses de Gênes.

1492 : Christophe Colomb découvre l’Amérique au service du roi d’Espagne.

1493 : Le duc de Milan, Ludovic Sforza, dit « le More », conclut une paix avec l’Espagne pour Gênes. Les Génois arment des galères destinées à contrer la descente de Charles VIII en Italie et se rangent derrière la politique anti-française des Milanais.

1495 : En représailles, les Génois sont expulsés de France et ne peuvent plus participer aux grandes foires, notamment à celle de Lyon.

Le siècle des Génois (1499-1637)

 Un document daté de la fin du XVe siècle insiste sur la singularité de Gênes, qui ne peut tirer sa richesse de la terre, ici aride et ingrate : « Cette cité ne vit pas comme les autres qui ont des champs et des biens, dont elles peuvent tirer leur alimentation comme elles le désirent. » Or, si Gênes devait jusqu’ici sa puissance à son vaste empire maritime et commercial, elle s’affirme à partir du XVIe siècle comme une véritable capitale de la finance internationale, même si les principaux bénéficiaires de cette évolution sont avant tout de puissants particuliers, et non l’Etat génois lui-même. En même temps, Gênes réaffirme haut et fort son statut d’Etat autonome, et choisit finalement contre la France le camp des Habsbourg, dont elle devient, à travers ses prestigieux financiers, le premier banquier. Après avoir servi François Ier, l’amiral Andrea Doria place ainsi la cité sous la protection de Charles Quint et instaure, au nom de la liberté, la république oligarchique, définie par les lois dites « de 1528 ». En 1559, au lendemain de la paix de Cateau-Cambrésis, Gênes fait ainsi partie, avec Venise et Lucques, des rares cités de la péninsule où survivent les institutions républicaines, héritées de la période des communes. Elles seront consolidées et modernisées en 1576 par les lois dites « de Casale », qui marquent véritablement l’avènement de l’Ancien Régime. Par ailleurs, tout au long du « siècle des Génois », les aménagements urbains de grande ampleur, la création de la Strada Nuova et de la Strada Balbi attestent le prestige de Gênes la Superbe, celle que Rubens n’hésite pas à nommer « la cité des palais ».



1499 : Les Français s’emparent de Gênes qui passe sous le gouvernement direct du roi Louis XII. Jusqu’à présent, les charges des différents magistrats et conseillers étaient réparties pour moitié entre le popolo et la noblesse, mais cette dernière est désormais largement favorisée par le souverain français.

1506-1507 : En réaction, éclate en 1506 la révolte des cappette, un mouvement populaire qui doit son nom au vêtement modeste de ses représentants : « une étroite et méchante cape ». Des membres de l’aristocratie sont massacrés ou, comme les Doria, contraints à l’exil, leurs palais pillés. Les cappette réclament que les deux tiers des postes soient accordés au popolo et un tiers seulement à la noblesse. Au début de l’année 1507, Louis XII déclare la cité rebelle et charge Jean Marot d’écrire un poème officiel sur les « mutinations » génoises. La ville est bombardée, mais la révolte perdure et, le 10 avril, le teinturier Paolo da Novi est élu doge, tandis qu’on remplace les armoiries françaises par celles de l’empereur Maximilien de Habsbourg. En présence de Louis XII, les troupes françaises donnent l’assaut le 25 avril. Gênes se rend le 27, déplore 1 400 morts et de nombreux blessés. Paolo da Novi est pendu, sa dépouille découpée et exposée aux quatre coins de la ville. Louis XII fait annexer Gênes au domaine royal et y ordonne la construction d’une nouvelle forteresse, appelée La Lanterne.

1513 : Le peintre Louis Brea (1443-1523), né à Nice mais actif en Ligurie, en particulier sur la Riviera du Ponant, réalise La Vierge du Rosaire, conservée dans le couvent Saint-Dominique de Taggia, où l’on peut aussi admirer de sa main le polyptyque du Baptême du Christ, réalisé en 1495. Si Gênes retrouve son indépendance grâce à la défaite française à Novare, elle est à nouveau le théâtre de violents conflits intérieurs. Le doge Ottaviano Fregoso fait ainsi tailler en pièces le comte Gieronimo Fieschi, dont le corps est attaché à la queue d’un cheval et traîné par les rues de la ville.

1514 : Après avoir chassé les Français et détruit le fort de La Lanterne, Ottaviono Fregoso fait finalement alliance avec François Ier. Les Adorno et les Fieschi se rangent du côté du nouvel empereur Charles Quint.

1520 : Début de la construction de l’église Santissima Annunziata del Vastato dans le quartier des Strada Nuove. Elle sera remaniée deux fois par la suite aux XVIe et XVIIe siècles.

30 mai 1522 : Sac de Gênes par les troupes espagnoles de Charles Quint, qui n’épargnent que les biens et les propriétés des Adorno et des Fieschi. Andrea Doria, de son côté, est passé au service de la couronne de France, pour laquelle il devient général des galères.

23 et 24 février 1525 : Bataille de Pavie, durant laquelle François Ier est fait prisonnier.

14 janvier 1526 : Signature du traité de paix de Madrid. François Ier est libéré, mais laisse ses fils en otage et renonce à ses droits en Italie.

1527 : Naissance à Moneglia du peintre maniériste Luca Cambiaso, dit « Le Cangiage », dont on admire encore aujourd’hui les œuvres dans la chapelle Lercari de la cathédrale San Lorenzo de Gênes, ainsi qu’au sanctuaire de la Madonna delle Grazie, près de Chiavari. La même année, l’amiral André Doria, au service du roi de France depuis 1522, disperse vingt-deux vaisseaux venus d’Espagne et parvient à entrer dans le port de Gênes, alors sous le joug des impériaux.

1528 : L’ingratitude de François Ier, qui favorise Savone contre Gênes et nomme Jacques de Trivulce gouverneur de la cité, incite Andrea Doria à changer de camp. Le 12 septembre, il entre dans Gênes, qu’il place sous la protection de l’empereur, tout en faisant garantir son indépendance. Lors d’une assemblée populaire, il exhorte en effet les habitants à reprendre possession de la cité et à dépasser les vieilles oppositions intestines au nom de la liberté. Douze réformateurs se chargent de rédiger de nouvelles lois publiées en octobre et fondent ainsi la république oligarchique. Ces lois stipulent entre autres la création d’un livre officiel contenant la liste des membres de l’aristocratie, liste non définitive mais sur laquelle peuvent s’inscrire chaque année onze nouveaux membres issus de la bourgeoisie. Peu de temps après, la ville de Savone, qui s’opposait à Gênes avec l’appui des Français, est soumise définitivement. Andrea Doria et Sinibaldo Fieschi, les deux figures les plus illustres du nouveau régime, viennent en prendre officiellement possession au nom de la république.

1529 : Andrea Doria fait construire à Fassolo, à l’époque à l’extérieur des remparts, le Palazzo Principe, dit aussi « Palazzo Doria Pamphili », sur les vestiges d’anciens bâtiments détruits par les Français. Pour le décorer, il fait venir à Gênes le sculpteur Giovanni Agnolo da Montosorli et le peintre Perino del Vaga, respectivement élèves de Michel-Ange et de Raphaël et contraints de fuir la Ville éternelle après le sac de Rome en 1527. Mais Girolamo de Trévise puis le Pordenone et Domenico Beccafumi sont aussi sollicités. Demeuré propriété privée, ce somptueux bâtiment, entouré de jardins, appartient toujours à la famille Doria Pamphili.

1533 : L’empereur Charles Quint séjourne au Palazzo Principe.

1535 : Le palais Saint-Georges est considérablement agrandi.

1540 : Montosorli sculpte la colossale statue d’Andrea Doria, dont la république avait voté la réalisation en 1528.

1543-1547 : Montosorli sculpte le décor intérieur de l’église San Matteo. A la même époque, le peintre florentin Bronzino (1503-1572) représente Andrea Doria sous les traits de Neptune, œuvre aujourd’hui exposée au Palazzo del Principe. Par ailleurs, en 1543, est édifiée La Lanterne, en remplacement du phare édifié au XIIe siècle, reconstruit ensuite par Louis XII, puis détruit à nouveau par ses adversaires.

2 janvier 1547 : Une révolte éclate à Gênes, ourdie par Giovanni Luifi Fieschi, comte de Lavagna. Soutenu par le peuple et les artisans, mais aussi par les membres de la nouvelle noblesse, il cherche à obtenir l’appui du pape et du roi de France. Mais il ne parvient pas à ses fins : au moment de crier victoire, après l’assassinat du neveu et successeur désigné d’Andra Doria, il se noie accidentellement dans le port de Gênes. Ses partisans sont dispersés et les membres du clan Fieschi poursuivis sans relâche par Andrea Doria. Ce dernier s’empresse de faire adopter la loi dite « du Garibetto », renforçant l’oligarchie et le poids de la noblesse ancienne. La même année, les jésuites s’installent à Gênes, où ils bénéficieront d’un immense prestige.

1548 : Dans la commune d’Albaro, qui sera intégrée au Grand Gênes en 1926, l’architecte pérugin Galeazzo Alessi dessine la villa Giustiniani Cambiaso.

1549 : Galeazzo Alessi se voit confier le chantier officiel de la basilique de Santa Maria Assunta in Carignano dans le centre de Gênes. Il s’inspire alors à échelle plus réduite des plans dessinés par Bramante pour Saint-Pierre-de-Rome. L’édifice sera achevé cinquante ans plus tard.

1550 : Début de la construction de la Strada Nuova, l’actuelle voie Garibaldi, dessinée par Galeazzo Alessi en ligne droite sur 280 mètres et comptant aussi 280 mètres de largeur. Bordée peu à peu de palais plus somptueux les uns que les autres, construits entre autres par Galeazzi Alessi et par ses élèves Bernerdino Cantone et Giovannni Ponzello, elle sera achevée en 1585, puis remaniée au XVIIe siècle. D’après Vasari, « beaucoup de personnes affirment qu’aucune autre ville d’Italie ne possède une rue plus magnifique ».

1553 : Soutenus par les galères françaises, les Turcs affrontent Gênes et remportent dans la mer Tyrrhénienne la bataille de Ponza contre Andra Doria, âgé de 86 ans. Les Français s’emparent alors de la Corse, à l’exception de Calvi. Dans le port de Gênes, Galeazzo Alessi construit la Porta del Molo à des fins défensives, mais aussi fiscales : c’est là que seront récoltées les impôts.

1556 : Construction du palais San Bartolomeo degli Armeni pour Tobia Pallavicino par l’architecte Giovan Battista Castello, dit « le Bergamasque ». Galeazzo Alessi ajoute un dôme Renaissance à la cathédrale gothique San Lorenzo. La même année naît à Gênes le peintre Lazzaro Tavarone, auteur d’une partie des fresques ornant la façade du Palazzo San Giorgio, réalisée en 1601-1608, mais redécouverte seulement dans les années quatre-vingt-dix au cours d’une restauration.

1559 : Traité de Cateau-Cambrésis qui prévoit, entre autres, la restitution de la Corse à Gênes.

25 novembre 1560 : Mort d’Andrea Doria à l’âge de 93 ans. Sa disparition ravive les antagonismes entre les membres de la vieille noblesse et ceux de la nouvelle noblesse, issue du peuple.

1564 : Début de la guerre de Sampiero pour reprendre la Corse. Elle s’achève en 1569.

1565 : Début de la construction du Pallazio Doria Tursi, devenu depuis 1848 l’hôtel de ville de Gênes. A la même époque, l’architecte Andrea Ceresola, dit « le Vannone », réaménage le Palazzo ducale et lui donne ses dimensions monumentales actuelles.

1570 : Construction de la bourse de Gênes, la Loggia dei Banchi, d’après les plans de Galeazzo Alessi.

Mars 1571 : Les Espagnols occupent à partir de cette date le marquisat de Finale, à mi-distance entre Gênes et les confins occidentaux de son district.

1571 : Originaire de Rovio dans le Tessin, le sculpteur Taddeo Carlone (1543-1613) s’installe à Gênes, où il se lie avec la famille Doria. Il réalise entre autres la fontaine de Neptune dans les jardins de la villa Doria Pamphili.

1572 : L’église San Pietro in Bianchi qui avait été incendiée à la fin du XIVe siècle est reconstruite sous la direction de Bernardino Cantone. Le chantier est auto-financé par la vente d’ateliers et boutiques construits au rez-de-chaussée de l’édifice. Au-dessus, s’élève l’église à proprement parler. Elle est accessible par un escalier conduisant à une terrasse.

De 1575 à 1576 : La guerre civile ravage Gênes. Marchands et artisans enrichis réclament l’accès à la noblesse et aux différentes charges, mais le système des inscriptions leur est désormais interdit. Ils sont soutenus par le popolo qui revendique entre autres des réductions d’impôt. Les membres de l’ancienne noblesse obtiennent le soutien de l’Espagne dans la lutte contre le gouvernement de la république. Mais l’intervention du pape aboutit en 1576 aux accords de Casale, obtenus entre les deux partis adverses réunis à Casale Montferrato dans le Piémont. Les Nouvelles Lois sont publiées le 10 mars et fondent la seconde constitution génoise, en définissant les différentes instances de la ville, la répartition entre elles des différents pouvoirs comme le nombre de leurs représentants. La même année, un décret officiel instaure une liste de « résidences d’hébergement public », dite « liste des Rolli ». Elle oblige les propriétaires des palais de la Strada Nuova à fournir l’hospitalité aux ambassadeurs et aux princes étrangers au nom de la république de Gênes. Par la suite, seront ajoutés à cette liste d’autres somptueux édifices de la ville, notamment les palais de la via Balbi.

1579 : Les Génois demandent en vain le départ de Finale des troupes espagnoles.

1580 : Gênes, comme toute l’Italie, est touchée par une terrible crise, engendrée par une épidémie de peste et les mauvaises récoltes successives.

1581 : Naissance à Gênes du peintre Bernardo Strozzi, dont la carrière se poursuivra à Venise à partir de 1631. On lui doit entre autres le célèbre portrait de Claudio Monteverdi.

1589 : Sous la direction de l’architecte Giuseppe Valeriano, l’ancienne église Saint-Ambroise, confiée aux jésuites trente-sept ans plus tôt, et devenue l’église du Gesu, sur la Piazza Mattetoti, est refaçonnée en style baroque. Le 12 août de la même année naît à Sarzana le peintre Domenico Fiasella.

1591 : Réalisation à Bruxelles et d’après les dessins du Génois Luca Cambiaso des tapisseries de la Bataille de Lépante destinées au Palazzo del Principe.

12 août 1589 : Naissance à Sarzana du peintre Domenico Fiasella, qui deviendra une figure importante de l’école génoise.

1592 : Sarzana est annexée par la république de Gênes, dont elle devient l’un des avant-postes à l’est.

1593 : Parution d’Iconologia, recueil écrit par le Pérugin Cesare Ripa, qui associe symboliquement la Ligurie à une femme maigre, d’aspect viril et féroce, assise sur un rocher et portant une veste retroussée avec des broderies dorées.

1603 : Naissance à Gênes du peintre Giovanni Battista Carlone, qui mènera une partie de sa carrière à Rome avant de revenir dans sa ville d’origine et d’y décorer l’église du Gesu ainsi que la basilique Santissima Annunziata del Vastato.

1604 : Le Génois Ambrogio Spinola, généralissime des armées espagnoles en Flandres, prend Ostende.

1605-1606 : Séjour à Gênes du peintre Pierre Paul Rubens, qui obtient des commandes prestigieuses de la noblesse locale comme des jésuites. Il réalise entre autres le portrait équestre de Giovanni Carlo Doria, aujourd’hui conservé au Palazzo Spinola di Pelleceria, et La Circoncision ornant les murs de l’église du Gesu. Après son retour en Flandres, Rubens réalisera pour la même église Le Miracle de saint Ignace de Loyola. Il fera aussi paraître un catalogue de dessins représentant en détails les somptueux palais de la Strada Nuova.

1606-1616 : Construction de la Strada Nuova del Guastati, actuelle voie Balbi, selon les plans de l’architecte Bartolomeo Bianco. A la même époque, il est aussi chargé d’agrandir les murailles de la ville.

1617 : Le poète Ansaldo Ceba identifie le « bon citoyen » au citoyen génois, dont il vante le sens aigu de la liberté, non sans critiquer les institutions et l’influence à son sens trop grande de l’Espagne dans la politique génoise.

1621 : Antoine Van Dyck entame son voyage en Italie, où il restera six années, particulièrement à Gênes. Une série de portraits de Van Dyck est encore conservée aujourd’hui au Palazzo Rosso, dont celui d'Anton Giulio Brignole Sale. Une génération plus tard, ses œuvres influenceront considérablement le peintre génois Valerio Castello.

1624 : Naissance à Imperia de Domenico Piola, peintre de l’école baroque génoise.

Avril-mai 1625 : Début de la guerre contre la Savoie qui conteste à Gênes la totale possession du fief de Zucarello et veut surtout limiter l’influence grandissante de l’Espagne dans les relations internationales. Le 9 avril, les troupes de Charles-Emmanuel, victorieuses à Voltaggio n’hésitent pas à massacrer les populations civiles. Le 10 mai, cependant, les Génois reprennent le dessus au pas de Pertuso.

5 juin 1625 : Prise de Breda, dans les Pays-Bas actuels, après neuf mois de siège par les Espagnols placés sous le commandement d’Ambrogio Spinola. La reddition de la cité sera immortalisée dix ans plus tard dans le célèbre tableau de Vélasquez.

8 juin 1625 : Naissance à Périnaldo, dans la Riviera du Ponant, de l’astronome Jean-Dominique Cassini, qui sera naturalisé français sous le règne de Louis XIV.

5 mars 1626 : L’accord de Monçon, passé entre l’Espagne et la France prévoit une trêve entre Gênes et le duc de Savoie, qui aboutit à un accord de paix.

1627 : La vieille alliance entre Gênes et l’Espagne, déjà fragilisée par la situation internationale, est compromise par la banqueroute espagnole. Gênes fait partie en effet des plus grands créanciers du royaume d’Espagne.

Avril 1628 : Echec de la conjuration de Vachero, destinée à délivrer Gênes de la « tyrannie aristocratique ». Ce dernier est exécuté deux mois plus tard avec trois de ses complices.

1629 : Construction du Palazzo Roca à Chiavari par Bartolomeo Bianco.

1630 : Naissance à Gênes du sculpteur Giacomo Filippo Parodi, qui sera aussi père des peintres Giambatttista et Domenico Parodi.

1634-1636 : Construction du collège des Jésuites sur la via Balbi sur les plans de Bartolomeo Bianco. Il deviendra ensuite le siège de l’université de Gênes en 1775.

Du déclin à la chute définitive de la république (de 1637 à 1815)

Alors que le doge, pour la première fois dans l’histoire de Gênes, se pare des insignes royaux, symboles jugés indispensables pour peser dans le jeu des grandes puissances, Gênes entame en réalité à partir de 1637 un sûr et lent déclin, inauguré alors par quinze ans de turbulences politiques. A l’intérieur, conjurations, conspirations et trahisons se succèdent sur fond de rivalité entre les membres de la vieille frange aristocratique et les nobles récemment inscrits. A l’extérieur, la France de Louis XIV mène en 1684 et 1685 une guerre humiliante contre Gênes. En 1743, le marquisat de Finale, pourtant vendu à Gênes en 1713, est offert par Marie-Thérèse d’Autriche à la Savoie. A la merci des grands Etats européens, incapable de faire entendre sa voix, Gênes se range alors du côté des Français, mais est écrasée par l’Autriche en septembre 1746. Malgré le soulèvement héroïque des habitants qui, menés par le jeune Balilla, parviennent à libérer la ville au terme de trois mois d’occupation, Gênes ne doit qu’à la France la préservation de son territoire lors de la signature du traité de paix d’Aix-la-Chapelle. Par ailleurs, impuissante face aux rebelles corses, elle cède l’île à Louis XV en 1768. Si, en 1794, le gouvernement génois déjoue la conspiration anti-oligarchique, inspirée des idéaux révolutionnaires français, il accepte pourtant trois ans plus tard sans bruit ni résistance la création par Bonaparte de la nouvelle République ligure démocratique. En 1805, Gênes acceptera aussi docilement son rattachement à l’empire napoléonien, perçu alors comme un pis-aller. Le traité de Vienne de 1815 la prive définitivement de son indépendance politique en l’intégrant contre son gré au royaume de Piémont-Sardaigne.

25 mars 1637 : Consécration de Gênes à la Vierge dans la cathédrale de San Lorenzo.

Juillet 1637 : Agostino Pallavicino est élu doge et marque ainsi « la victoire des innovateurs ». Ces derniers prônent le retour à la navigation commerciale, le réarmement, la valorisation des territoires, dont celui de la Corse, la reprise de la politique de grands travaux.

19 septembre 1637 : Un décret du Sénat donne officiellement le titre de royaume à la Corse.

Novembre 1637 : Ce décret justifie en fait avant tout le couronnement d’Agostino Pallavicino, premier doge de Gênes à recevoir les insignes royaux. Une gravure du Français Gilles Rousselet représente l’événement.

1638 : Début de la construction d’un nouveau môle dans le port de Gênes.

1643-1655 : La famille Balbi confie aux architectes Pier Francesco Cantone et Michele Moncino la construction d’un nouveau palais, rebaptisé au XIXe siècle Palazzo Reale.

Décembre 1646 : Une trentaine de représentants du Grand Conseil (Maggio Consiglio) issus de la vieille frange aristocratique tente d’empêcher de nouvelles inscriptions au sein de la noblesse génoise, à travers ce qu’on a appelé la « mobba dei gentiluomini ». Largement minoritaires, ils ne parviennent pas à leurs fins.

1647 : Naissance à Imperia de Gregorio de Ferrari, peintre de l’école génoise. Ses œuvres sont visibles au Palazzo Rosso et au musée de l’Académie ligure des Beaux-Arts. Il mourra à Gênes en 1726.

8 mai 1648 : Le complot mené par Giovanni Paolo Balbi, l’un des instigateurs de la « mobba dei gentiluomini », est déjoué. Celui-ci prévoyait de renverser le gouvernement et de se faire proclamer archiduc de Gênes, avec l’appui de la France.

1652 : Construction de l’Albergo dei Poveri, sous le patronage d’Emanuele Brignole. Destiné alors à abriter les malades et les indigents, il appartient depuis quelques années à l’université de Gênes.

1654 : Les Génois surprennent à Finale des barques fraudant la gabelle et les droits de douane de San Giorgio et les confisquent. La réaction des Espagnols ne se fait pas attendre : les biens et les revenus génois sont séquestrés sur tout leur territoire.

1656-1657 : La grande peste éclate à nouveau à Gênes. 39 000 personnes, soit la moitié des habitants de la ville, trouvent la mort.

7 novembre 1659 : Le traité des Pyrénées scelle la paix entre la France et l’Espagne. Il est suivi en 1660 par le mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse.

1660 : Nicolas Fouquet envoie Pierre Puget à Gênes chercher des marbres destinés au château de Vaux, mais le surintendant tombe en disgrâce l’année suivante. Agé de 38 ans, le sculpteur français, qui terminait pour son protecteur l’Hercule gaulois, se fixe alors à Gênes, où il réalise de nombreuses œuvres. On peut admirer notamment son Saint Sébastien à la basilique di Santa Maria Assunta in Carignano ou encore le maître-autel en marbre noir et en bronze de l’église San Siro.

18 septembre 1664 : Naissance à Gênes du sculpteur sur bois baroque et rococo Anton Maria Marigliano, mort dans la même ville en 1739. Ses œuvres sont disséminées dans les églises de Gênes et de Ligurie.

1671-1677 : Réalisation d’un nouveau palais, le Palazzo Rosso, sur la Strada Nuova par l’architecte Pierantonio Corradi pour la famille Brignole-Sale.

1672 : Nouvelle guerre contre la Savoie. Mais la conjuration de Raffaello della Torre, prêt à remettre la ville à Charles-Emmanuel de Savoie, est déjouée et les troupes ennemies sont mises en déroute par les Génois, sous le commandement de Per Paolo Restori, originaire de Bastia.

1679 : Eugenio Durazzio rachète le palais Balbi qui allait devenir le Palazzo Reale et qu’avait fait construire cinquante ans auparavant la famille des Balbi. L’architecte Carlo Fontana le transforme alors considérablement en s’inspirant des palais baroques de Rome, où il mena l’essentiel de sa carrière.

1679 : Suite à la guerre de Hollande, la paix de Nimègue fait de la France le grand arbitre en Europe. Elle préserve provisoirement Gênes des agressions extérieures. En même temps, Gênes maintient de bonnes relations avec l’Espagne.

1681 : Pierre Puget sculpte la Vierge Carrega, aujourd’hui conservée dans le musée San Agostino de Gênes. La même année, Louis XIV reçoit officiellement les réclamations du comte Gian Luigi Fieschi, dont l’ancêtre avait été spolié de ses biens et privé de ses droits par la république de Gênes. Le roi de France en profite pour exiger le désarmement d’une partie de la flotte génoise.

Janvier 1682 : En réaction, Gênes instaure un gouvernement provisoire doté pour une année de l’autorité suprême, puis renouvelé.

17 mai 1684 : La flotte française commandée par le marquis de Seignelay bombarde Gênes. Durant six jours, sont tirés 14 000 boulets qui endommagent le palais ducal et détruisent près de trois cents maisons, dont celle de Christophe Colomb. Elle sera reconstruite au XVIIIe siècle puis restaurée en 1992 à l’occasion des « colombiades » de Gênes.

12 février 1685 : Le roi de France signe à Versailles des Articles accordés à la république de Gênes.

15 mai 1685 : Le doge de Gênes lui-même est contraint de se rendre à Versailles pour accepter officiellement les conditions imposées par Louis XIV.

1686 : L’affaiblissement du pouvoir politique génois entraîne l’avènement non loin de Vintimille de la Magnifica Comunita degli otto luoghi, une entité politique indépendante constituée autour de la ville de Bordighera. La même année débute à Cervo la construction de l’église San Giovanni Battista, typique du baroque ligure, avec une façade concave rehaussée de stucs.

20 août 1713 : Charles VI, empereur des Romains, vend à Gênes plutôt qu’à la Savoie le marquisat de Finale, position essentielle dans la Riviera du Ponant.

1715 : Gênes impose à la Corse à la fois son désarmement général pour mettre fin aux vendettas, mais aussi un nouvel impôt compensatoire.

De 1728 à 1731 : Montesquieu effectue son « Grand Tour » et confie avoir une impression déplorable de Gênes, cité avant tout marchande et dont le doge n’est finalement que le premier commerçant : « Tout cela rend les esprits les plus bas et les plus vains du monde », d’autant qu’on observe « dans ce type de république le plus cruel despotisme ». Comme tous les visiteurs de l’époque, il est aussi frappé par la pratique des sigisbées, encourageant les femmes du monde à sortir, non accompagnées de leur mari, mais plutôt d’un galant chevalier servant, pouvant à l’occasion faire figure de véritable amant.

1729 : Révolte des Corses qui refusent de payer le supplément d’impôt imposé par la loi de 1715.

1735 : Le peintre génois Alessandro Magnasco réalise Réception dans un jardin d’Albaro, conservée aujourd’hui au Palazzo Bianco.

1738 : La mission diplomatique de Gian Francesco Brignole Sale à Paris prépare le retournement de la politique extérieure génoise. Gênes s’appuiera désormais sur la France et non sur l’empereur pour lutter contre les insurgés corses.

1739 : Les forces françaises soumettent la Corse en moins de trois semaines, sous le commandement du marquis de Maillebois. La même année débute la construction de la villa Gavotti, à Albisola Superiore, dans la Riviera du Ponant. Elle est destinée au dernier doge de Gênes, Francesco Maria Della Rovere.

13 septembre 1743 : Par le traité de Worms, l’Autriche et l’Angleterre obtiennent le soutien militaire et diplomatique de Charles-Emmanuel III de Savoie dans la guerre de succession d’Autriche. En échange, elles lui offrent le marquisat de Finale, qui avait été pourtant vendu à la république de Gênes, avant l’avènement de Marie-Thérèse d’Autriche. Gênes entre alors en guerre à son tour, aux côtés des Français.

27 septembre 1745 : Gênes est bombardée par la flotte anglaise.

15 juin 1746 : Défaite franco-espagnole à Plaisance face aux Autrichiens.

6 septembre 1746 : Capitulation de Gênes occupée désormais par les troupes autrichiennes de Botta Adorno. Marie-Thérèse d’Autriche exige un tribut de trois millions d’écus d’argent et contribue ainsi à la ruine de la banque Saint-Georges.

5 décembre 1746 : Révolte populaire des Génois déclenchée à partir d’un banal jet de pierre lancé sur les Autrichiens par la jeune Giovan Battista Perasso, dit « Balilla ». En cinq jours, Gênes est libérée. Un nouveau gouvernement se met en place, qui, pour la première fois dans l’histoire de Gênes, doit tenir compte du popolo dans son entier, c’est-à-dire de la masse des non-inscrits.

17 janvier 1747 : Une rumeur, selon laquelle les nobles opposés au nouveau régime envisagent le retour des Autrichiens, entraîne l’attaque du Palazzo ducale dont l’armurerie est dévalisée. Au même moment, le maréchal de Belle-Isle repousse les Autrichiens et les Piémontais au-delà du Var.

1748 : A la fin de la guerre, Gênes déplore pourtant la perte de la Riviera du Ponant, occupée par les Sardes, comme celles de l’Oltregiogo et d’une partie de la Riviera du Levant, aux mains des Autrichiens. Or, lors de la paix d’Aix-Chapelle, signée le 18 octobre, la France intervient en faveur de la république de Gênes, qui, reconnue indépendante, conserve son ancien domaine comme la Corse. Celle-ci est pourtant dans sa grande majorité aux mains des chefs rebelles.

1751 : Fondation de l’Académie des Beaux-Arts de Gênes.

1756 : Premier traité de Compiègne entre Gênes et la France : Ajaccio, Calvi et Saint-Florent sont défendues par des garnisons françaises.

1763 : Famine à Gênes comme dans toute la péninsule italienne.

1764 : Second traité de Compiègne entre Gênes et la France qui s’engage à défendre aussi Bastia et Algajola. La même année, l’aventurier et littérateur français Ange Goudar publie L’Espion chinois, conçu comme un pastiche des Lettres persanes. Il y livre une description féroce de Gênes : « La religion de l’intérêt passe devant celle du Christ. Les grands comme les petits sont attachés à ce dogme. La foi là-dessus est universelle. Il n’y a point d’hérétiques sur le culte des richesses. Tout est sujet d’épargne ou, pour mieux dire, d’avarice. Il est défendu aux chiens de vivre à Gênes ; car ce gouvernement ne veut point de bouches inutiles, et les chiens ne gagnent point d’argent. »

11 février 1768 : Naissance à Gênes de l’architecte néoclassique Carlo Barabino, qui transformera considérablement la ville au XIXe siècle.

5 mai 1768 : Par le traité de Versailles, la Corse est cédée à la France en paiement de la dette génoise de deux millions de livres. La Corse devient ainsi française un an avant la naissance de Napoléon à Ajaccio.

1773 : Suppression de la compagnie de Jésus.

De 1778 à 1783 : Suite à un incendie, la construction d’une nouvelle façade pour le Palazzo ducale est confiée à l’architecte lombard néoclassique Simone Cantoni assisté de son frère Gaetano. Ils y aménageront aussi de nouveaux salons.

1779 : Création à Gênes d’une chaire de chimie.

1780 : Le peintre Giovanni David, originaire de Cabella Ligure, et qui fut actif dans de nombreux pays européens, décore le salon du Grand Conseil du Palazzo ducale à Gênes. Il mourra dans cette ville dix ans plus tard.

1782 : Naissance de Niccolo Paganini à Gênes.

1787 : Crise entre le Piémont et la république à propos du Ponant. Les Piémontais modifient en effet, au désavantage de Gênes, les limites de la communauté de Pornassio.

30 novembre 1789 : En France, un décret de l’Assemblée constituante déclare officiellement la Corse comme « partie de l’Empire français ».

1792 : Début de la guerre de la première coalition contre la France révolutionnaire. Gênes préserve sa neutralité et se préoccupe surtout de défendre ses propres escales.

Début 1794 : Le gouvernement génois déjoue la conspiration dite « anti-oligarchique ».

Printemps 1796 : Bonaparte part à la conquête de l’Italie depuis la Riviera du Ponant.

9 octobre 1796 (18 Vendémiaire an V) : Gênes, qui partage alors avec la France deux ennemis communs, l’Autriche et la Sardaigne, conclut finalement une convention avec le Directoire.

6 juin 1797 : Convoqués à Milan par Bonaparte, les représentants génois signent la convention de Monbello qui marque la création de la nouvelle République ligure démocratique, en place de la république oligarchique de Gênes. C’est la fin de l’ancien régime génois, dont on détruit ou met à bas les principaux symboles, ainsi la chaise à porteur du doge, le livre d’or de la noblesse ou encore la monumentale statue d’Andrea Doria. Le pouvoir législatif est confié à deux conseils respectivement de trois cents et de cent cinquante membres. Un sénat de douze membres, présidé par un doge, représente le pouvoir exécutif. Le doge et les sénateurs sont nommés par les conseils. La même année, le Banco di San Gorgio est « obligé de donner tout son argent comptant comme subside à celle de la République ».

Septembre 1797 : Ce n’est pas dans la cité même de Gênes, que l’opposition au régime est la plus virulente, mais plutôt dans les vallées et les Apennins, où la contre-révolution est férocement réprimée par l’armée française. La même année sont supprimées les anciennes corporations de métiers.

Juillet 1798 : Mise en place d’un plan d’instruction publique.

7 décembre 1799 : A l’imitation du 18 Brumaire, coup d’Etat du général Miollis qui procède à une centaine d’arrestations parmi les membres du gouvernement et en fait fusiller une vingtaine. Le gouvernement représentatif est aboli et la ville passe sous contrôle militaire français. Une commission, composée de neuf membres, est chargée de rédiger une nouvelle constitution.

9 février 1800 (20 Pluviôse an VI) : Arrivée à Gênes d’André Masséna, commandant en chef de l’armée d’Italie. Il exige 2 millions à la ville pour subventionner la campagne militaire, ce qui attise la rancœur de la population face à l’occupant français. Son impopularité le conduit à faire passer le nombre de représentants de la commission de neuf à quinze afin de disposer d’une majorité favorable.

Avril 1800 : Les troupes autrichiennes assiègent Gênes.

6 juin 1800 : Masséna capitule et quitte la ville avec ses 18 000 hommes. Les Autrichiens créent à Gênes un gouvernement éphémère : la Régence impériale et provisoire. Dans la ville, la population civile est aussi en proie à la famine et aux épidémies.

14 juin 1800 : Victoire française de Marengo ouvrant à nouveau aux Français les portes de l’Italie.

24 juin 1800 : Entrée dans Gênes de l’armée française commandée par le général Miollis. Un tableau de Jean-François Hue évoque cet épisode.

1801 : En onze ans, Gênes est passée de 110 000 habitants à 85 000.

2 juillet 1801 : Dans une lettre à Talleyrand, Bonaparte s’oppose pour des raisons politiques au changement de nom des deux Rivières : « C’est sans inconvénient que l’on a fait revivre les mots des Rivières ; s’ils sont divisés entre eux, ils en seront d’autant plus faibles contre la capitale qui, dans les circonstances où se trouve Gênes, est l’intérêt majeur. »

16 octobre 1801 (25 Vendémiaire an X) : La constitution ligurienne est achevée. Mais la nouvelle république n’est libre que sur le papier. En effet, le doge et les sénateurs qui disposent officiellement du pouvoir exécutif sont nommés par Bonaparte, alors Premier Consul. Et ce dernier s’oppose à la création d’une seule république réunissant la Cisalpine, la Ligurie et le Piémont, pourtant prônée par les partisans génois des idéaux révolutionnaires.

13 avril 1802 : Bonaparte promulgue officiellement la constitution à Gênes. Le proconsul Jean-François Aimé Dejean est remplacé par l’ancien conventionnel régicide corse, Christophe Saliceti.

20 mai 1805 : Talleyrand évoque « l’inutilité de l’indépendance de Gênes et la nécessité de son rattachement à l’empire ».

25 mai 1805 : Un projet de réunion à la France est proposé au sénat et voté en l’absence du doge et d’une partie des sénateurs, alors à Milan. Parmi ceux qui sont demeurés sur place, Onofrio Scassi écrit : « Notre gouvernement n’est qu’une larve, [autant] laisser tomber le masque et nous réunir à une nation qui est la seule capable d’offrir la prospérité au pays. » Les représentants du peuple ligurien sont à leur tour consultés et approuvent majoritairement le rattachement à la France. Sans véritable résistance, la république est intégrée au nouvel empire.

6 juin 1805 : Un décret est promulgué indiquant la division en trois départements de la Ligurie : Montenotte (Riviera du Ponant), Gênes, les Apennins (Riviera du Levant).

22 juin 1805 : Naissance à Gênes de Giuseppe Mazzini, père du Risorgimento.

Du 30 juin au 5 juillet 1805 : Napoléon réside à Gênes dans le palais d’Andrea Doria, dont il fait relever la statue abattue des années auparavant par les jacobins génois. Le 4 juillet, il ordonne par décret impérial la disparition officielle et définitive du Banco di San Gorgio.

1809 : Gênes ne compte plus maintenant que 76 000 habitants.

1813 : Le préfet de Gênes constate un « accroissement progressif de la population des hospices », causé par la « misère qui, du fait de la stagnation du commerce, n’a fait que croître chaque année ».

Février 1814 : Les troupes autrichiennes franchissent les Apennins. Le sous-préfet de Savone, Giorgio Gallesio tente de se replier vers Chiavari, mais en est empêché par une foule de paysans favorables aux Autrichiens.

27 mars 1814 : Les Anglais débarquent d’abord à la Spezia puis font route vers Gênes.

2 avril 1814 : Début du siège de Gênes sous le commandement de Lord William Bentinck.

18 avril 1814 : Gênes finit par capituler. Les Anglais font miroiter aux Génois leur indépendance, rétablissent la constitution de 1797 et instaurent un gouvernement provisoire, dont la présidence est confiée à Girolamo Serra, réputé modéré. La statue de Napoléon est abattue.

1815 : Lors du congrès de Vienne, Gênes et la Ligurie sont intégrées dans le royaume de Piémont-Sardaigne sous le nom de duché de Gênes. Le secrétaire d’Antonio Brignole Sale écrit alors : « La sérénissime république de Gênes a au final péri sous les coups mortels de l’ambition et de la révoltante injustice des monarques d’Europe. »

De la sujétion au Piémont à l'unité italienne (de 1815 à 1915)

L’intégration forcée au royaume de Piémont-Sardaigne favorise à Gênes le développement des premières aspirations nationales et l’affirmation grandissante d’un courant intellectuel acquis aux idées nouvelles. Jusqu’au milieu du siècle, Gênes traverse une période de stagnation économique, mais bénéficie pourtant dans son tissu urbain d’aménagements importants confiés à l’architecte Carlo Barabino, avec, notamment, la transformation du Palazzo Durazzo en Palazzo Reale, la construction du théâtre Carlo Felice, l’aménagement des jardins de l’Acquasola. Ces embellissements prestigieux marquent l’attachement des nouveaux souverains à la ville, érigée aussi au rang de premier port du royaume de Piémont-Sardaigne. Mais Gênes, ville de naissance de Giuseppe Mazzini, futur artisan de l’unité italienne, réclame à cor et à cri réformes libérales et changement de régime. L’invasion autrichienne dans la péninsule exacerbe son mécontentement, d’autant que l’armée piémontaise est lamentablement battue. Le ressentiment contre le gouvernement de Turin s’estompera cependant à partir de 1850, d’autant que Gênes et la Ligurie sont finalement intégrées au royaume d’Italie en 1861. A partir de 1871, Gênes, agrandie une première fois, bénéficie aussi de nouvelles infrastructures. Son port aménagé et modernisé devient l’un des premiers au monde et favorise l’accroissement du trafic maritime, notamment vers l’Amérique. Ce renouveau marchand et industriel est pourtant contrebalancé au début du XXe siècle par la gronde des mouvements ouvriers. En décembre 1900, la grève générale du port de Gênes aura ainsi des retombées politiques dans toute l’Italie.

1816 : Retour des jésuites à Gênes qui s’installent au palais Tursi.

1817 : Aux yeux du duc de Dalberg, ambassadeur français à Turin : « Gênes est un superbe diamant que les joailliers piémontais ne savent pas enchâsser. »

1818 : Carlo Barabino est nommé architecte officiel de la commune de Gênes dont l’agencement des rues et des grands axes routiers est considérablement transformé, avec, notamment, la construction de l’actuelle via Antonio Gramsci, puis celle de la via Felice.

1820 : Peu à peu, Gênes devient l’épicentre de la marine du royaume de Piémont-Sardaigne. Dans ce contexte, l’ancienne tradition « privée » génoise est abandonnée.

1821 : Carlo Barabino conçoit la « promenade » des jardins de l’Acquasola et donne une nouvelle façade à l’église San Siro. Le 12 mars, Carlo Felice devient à son tour, après l’abdication de Vittorio Emmanuele roi de Sardaigne, prince de Piémont et duc de Savoie.

1822 : Le poète lord Byron réside dans la villa Saluzzo Mongiardino, à Albaro, l’une des communes rattachées à la ville de Gênes en 1926.

8 juillet 1822 : Son compatriote, le poète Percy Bysshe Shelley meurt noyé au large de La Spezia à l’âge de 29 ans. Il séjournait fréquemment dans la région avec sa femme Mary, auteur du célèbre Frankenstein.

1823 : Rebaptisé Palazzo Reale, le Palazzo Balbi-Durasso devient la résidence officielle à Gênes de la maison royale de Savoie. Il abrite aujourd’hui les collections de la Galerie nationale.

1825 : Un observateur britannique constate que « le port et la cité de Gênes présentent un cadre d’activité, d’affaires et de gains comme on n’en trouve en aucun autre endroit d’Italie ». La même année paraît pour la première fois le Corriere mercantile, organe de presse du nouveau parti modéré, le parti constitutionnel. Carlo Barabino enfin se voit confier la construction de l’Académie ligure.

7 avril 1828 : Inauguration du théâtre Carlo Felice, réalisé lui aussi par Carlo Barabino.

21 décembre 1830 : Giusseppe Mazzini est dénoncé comme membre des Carbonari et emprisonné dans la forteresse de Priamar à Savone, puis contraint à l’exil.

1832 : Mazzini crée à Marseille la Jeune Italie, afin d’œuvrer à la constitution d’une nation « unitaire, indépendante, libre et républicaine ». Il est alors condamné à mort par contumace. Il se réfugiera ensuite en Suisse, à Paris et en Angleterre.

Juillet 1830 : En France, épisode révolutionnaire des Trois Glorieuses, qui influencera l’Europe et particulièrement l’Italie.

27 avril 1831 : Avènement de Charles-Albert Ier de Savoie.

1833 : L’écrivain danois Hans Christian Andersen séjourne à Sestri Levante dans la Riviera du Levant et donne son nom à la baie des Fables.

3 septembre 1835 : Mort à Gênes de l’architecte Carlo Barabino.

1835-1837 : Epidémie de choléra.

1837-1846 : Michele Canzio, déjà célèbre pour avoir décoré le théâtre Carlo Felice, autour de 1820, aménage les jardins anglais de la villa Durazzo Pallavicini.

1838 : Giacomo Michele Cevasco fait paraître sa Statistique de la ville de Gênes et y recense 2 800 mendiants et vagabonds sur une population inférieure à 100 000 habitants.

Juin 1842 : Fêtes organisées dans la cité pour les noces du duc de Savoie, futur roi Victor-Emmanuel II, avec Marie Adélaïde de Habsbourg.

1842 : L’architecte Ippolito Cremona modifie la façade de l’église Santa Maria delle Vigne.

16 mars 1844 : Le roi autorise par décret la fondation d’une banque publique d’escompte et de dépôts sous le nom de Banco di Genova. Si elle fusionne rapidement avec la Banca di Torino, sa création marque le retour de Gênes sur la scène financière internationale.

1844 : Construction en style néoclassique du cimetière di Staglieno, au nord-ouest de la ville. Giuseppe Mazzini ou encore Constance Mary Lloyd, épouse d’Oscar Wilde, y sont enterrés.

1844-1845 : Nouvelle épidémie de choléra.

1846 : Gênes célèbre en grande pompe le centenaire de l’expulsion des Autrichiens. La figure de Balilla, jeune héros de 17 ans, est redécouverte à cette occasion et célébrée par le poète génois Goffredo Mameli. Dans Fratelli d’Italia, devenu depuis l’hymne national italien, il rappelle ainsi que « les enfants d’Italie s’appellent Balilla ». La même année, on érige sur la piazza dell’Acquaverde un monument à Christophe Colomb.

1847 : La colère gronde dans l’opinion publique qui réclame à la fois réformes, changement de régime et liberté de la presse. Afin de soutenir ces revendications libérales, tout en les modérant, le marquis Giorgio Doria fonde le Comitato dell’Ordine et vise à établir un dialogue pacifique avec le gouvernement de Turin. Des manifestations sont organisées à partir du 8 septembre. L’une d’elles particulièrement grandiose réunit 32 000 Génois, qui acclament à la fois le pape, Charles-Albert ou Balilla. La même année, Federico Alizori fait paraître un Guide artistique de la cité de Gênes, évoquant l’état déplorable du patrimoine architectural génois.

Janvier 1848 : En soutien à Milan, Gênes est le théâtre de violentes manifestations contre l’occupation autrichienne en Italie.

Février 1848 : Les jésuites, jugés trop conservateurs, sont la cible d’une insurrection génoise, et sont expulsés de leur collège du Palazzo Tursi et du couvent Sant’Ambrogio. A leur place s’y installent, dans la nuit du 29 février au 1er mars, une garde civique, nouvellement constituée, avec, à sa tête, des aristocrates, ainsi Giorgio Doria, Lorenzo Pareto, ou encore Vincenzo Ricci.

2 mars 1848 : Le roi Charles-Albert ordonne à son tour l’expulsion officielle des jésuites, et cautionne ainsi les agissements de la nouvelle garde civique. Ses principaux représentants sont pourtant convaincus que la politique savoyarde est opposée aux intérêts génois.

24 mars 1848 : Charles-Albert entre officiellement en guerre contre l’Autriche.

3 avril 1848 : Le Comitato dell’Ordine devient le Circolo Nazionale.

Du 23 au 27 juillet 1848 : Bataille de Custoza près de Vérone qui voit la défaite des Piémontais contre les Autrichiens.

9 août 1848 : Signature de l’armistice austro-sarde. Peu après, le républicain Filippo de Boni devient président du Circolo Nazionale.

Octobre 1848 : Instauration d’un système électoral censitaire permettant de désigner conseils municipaux et députations provinciales.

12 mars 1849 : Charles-Albert décide la poursuite des hostilités contre l’Autriche.

23 mars 1849 : La bataille de Novare se solde par la défaite totale de l’armée piémontaise.

27 mars 1849 : Insurrection à Gênes des partisans de la poursuite de la guerre avec l’Autriche. Elle est réprimée dans le sang par le général La Marmora.

6 août 1849 : Signature d’un traité de paix avec l’Autriche.

1855 : Inauguration de la bourse de Gênes.

1857 : Echec à Gênes de la conspiration soutenue par Mazzini. Ce dernier, à la tête du Partito d’Azione, se réfugie un temps dans la clandestinité. Il est condamné une seconde fois à mort par contumace. Le 4 juillet, la base de la marine militaire du royaume de Sardaigne est déplacée de Gênes à La Spezia, mais Cavour concède d’importantes contreparties économiques. Le 22 novembre, est fondée la Société ligure de l’histoire de la patrie.

24 mars 1860 : Cession de Nice à la France.

5 mai 1860 : L’expédition des Mille, menée par Garibaldi, part de Quarto dans la banlieue génoise.

17 mars 1861 : Proclamation du royaume d’Italie, auquel sont rattachés Gênes et la Ligurie.

1862 : Le marquis Gatano Gropallo aménage à Gênes le passage Anita-Garibaldi, magnifique promenade de deux kilomètres en front de mer, à Nervi, en dehors du centre de Gênes.

1862 : Le plan d’agrandissement de Gênes, dans la vallée, entre les cols de San Rocchino et Santa Maria della Sanita, est officiellement approuvé.

1865 : Adoption du projet d’agrandissement de Gênes qui avait été confié à l’ingénieur Adolfo Parodi.

1866 : Le baron Andrea Podesta, représentant à la fois de la laïcité et du libéralisme modéré, devient pour la première fois maire de Gênes. On lui doit les grands aménagements du XIXe siècle.

1866 : Vittorio Emmanuele II lègue à la ville de Gênes la collection de son fils, le prince Otton Eugène de Savoie, qui constituera le noyau de la future Galleria d’arte moderna, installée dans la villa Serra de Nervi.

1866-1867 : Epidémie de choléra.

1er mai 1867 : Thomas Hanbury, un négociant anglais ayant fait fortune en Inde, achète le domaine situé sur le cap de la Mortola, près de Vintimille, qui deviendra le célèbre jardin botanique Hanbury, grâce à son frère Thomas Hanbury et l’épouse de ce dernier lady Dorothy.

1868 : L’armateur génois Raffaele Rubattino, après avoir fondé la Compagnie transatlantique de Gênes et bénéficié de subventions pour assurer les liaisons maritimes entre Gênes, New York et Rio de Janeiro, obtient un prêt important pour la création d’une ligne vers l’Egypte.

1870 : Ouverture d’une ligne maritime Gênes-Bombay. A Voltri, aujourd’hui faubourg du Grand Gênes, la duchesse de Galliera acquiert la villa Brignole-Sale datée des XVIIe et XVIIIe siècles. Elle y fait aménager un vaste jardin à l’anglaise s’étendant sur 32 hectares.

10 mars 1872 : Mort à Pise de Mazzini, dont la ville de Gênes célèbre chaque année l’anniversaire.

1873 : Epidémie de choléra.

1er janvier 1874 : A la suite du décret royal de Victor-Emmanuel II du 26 octobre 1873, six communes contiguës sont intégrées à la cité de Gênes. On construit par la suite la Piazza de Ferrari ornée d’une grande fontaine pour faciliter la circulation entre la vieille-ville et la partie ouest de la ville. Les travaux d’agrandissement du port de Gênes débutent la même année. Il ne tarde pas à devenir l’un des mieux appareillés au monde.

1882 : Le séjour à Gênes de Nietzsche lui inspirera ensuite dans le Gai Savoir : « J’ai regardé durant un bon moment cette ville, ses maisons de campagne et ses jardins d’agrément et le large cercle de ses collines et de ses pentes habitées ; enfin, je finis par me dire : je vois des visages de générations passées – cette contrée est couverte par les images d’hommes intrépides et souverains. Ils ont vécu et ils ont voulu prolonger leur vie –, c’est ce qu’ils me disent avec leurs maisons, construites et ornées pour des siècles, et non pour l’heure fugitive. »

1884 : Monet réalise deux vues de Bordighera où il séjourne, localité en bord de mer dans la Riviera du Ponant, près de San Remo. Il peint aussi à Dolceaqua : « L’endroit est superbe. Il y a un pont qui est un bijou de légèreté. »

1887 : Un séisme détruit le château des Doria à Dolceaqua et le bourg de Bussana Vechia. Ce dernier sera restauré à l’identique dans les années soixante par une colonie d’artistes venus s’y installer.

1890 : Création du journal La Voce del Popolo.

15 août 1892 : Au congrès de Gênes, le Parti ouvrier italien créé en 1882 se transforme en Parti des travailleurs italiens qui deviendra, en 1895, le Parti socialiste italien.

1894 : Création du Parti socialiste ligure.

1896 : Francesco Pozzo, ouvertement catholique, devient maire de Gênes.

11 août 1898 : Accident du train Gênes-Turin lié à l’utilisation de charbon défectueux.

19 décembre 1900 : Le préfet de Gênes, Camillo Garroni, sous la pression des entrepreneurs portuaires et des négociants, ferme la Chambre du travail de Gênes, pour des raisons d’ordre public.

20 décembre 1900 : Annonce d’une grève générale du port qui a un impact dans toute l’Italie. Elle touche bientôt les quartiers de Sampierdarena, Cornigliano et Sestro Ponente. Le gouvernement cède deux jours plus tard. Par la suite est constituée, à Gênes, la nouvelle Fédération des armateurs Italiens (Federazione Armatori Italiani).

1901 : La grève de Gênes ouvre la voie au gouvernement de gauche Zanardelli qui demeure au pouvoir jusqu’en 1903 et vote d’importantes lois sociales sur le travail des femmes et des enfants, le repos hebdomadaire ou encore le contrat de travail.

1904 : Construction à San Remo dans la Riviera du Ponant du casino en style Art nouveau par l’architecte Eugenio Ferret.

1905 : Création à Gênes de l’Ilva, société d’exploitation des minerais de fer de l’île d’Elbe.

1906 : Dans les remparts de la ville de Gênes, construction, au niveau de la Piazza Manin, du castello Mackenzie sous la direction de l’architecte Art nouveau Gino Coppede.

1910 : Giacomo Grasso devient maire de Gênes.

1913-1914 : L’écrivain D. H. Lawrence, auteur de L’Amant de lady Chatterley, séjourne avec sa femme dans le petit village de Fiascherino dans la Riviera du Levant, près de La Spezia.

De la première guerre mondiale à nos jours

L’Italie entre en guerre en 1915, avec le soutien de la classe politique génoise, favorable dans son ensemble à l’interventionnisme. Mais, déçue par le traité de Versailles, qui ne la traite pas en pays vainqueur et ne donne suite à aucune de ses revendications territoriales, elle laisse alors libre cours à la montée du fascisme. Au moment de fonder son mouvement, Mussolini s’appuiera d’ailleurs en partie sur Gênes, considérée depuis la fin du XIXe siècle comme un centre industriel et portuaire incontournable, mais il devra aussi compter avec une opposition non négligeable. C’est cependant sous le régime fasciste que sera mise en place l’ambitieuse « Grande Gênes », intégrant désormais administrativement les communes limitrophes. Malgré les bombardements anglais de 1941, visant la destruction des infrastructures, et les tentatives de sabotage, en 1944, de l’armée allemande en déroute, Gênes retrouvera dans la seconde moitié du XXe siècle et jusqu’à nos jours, sa place de premier port italien. Par ailleurs, elle s’engagera dès l’après-guerre dans une politique de revalorisation de son patrimoine, couronnée en 2006 par l’inscription au patrimoine mondial de l’humanité des Strade Nuove et des palais des Rolli. Fière de son passé, mais capable aussi d’encourager la création contemporaine, Gênes confia aussi à l’architecte Renzo Piano la direction de nombreux chantiers de 1992 à nos jours.

1915 : Entrée en guerre de l’Italie.

1919 : Le port de Gênes est considérablement agrandi. La même année, en souvenir des hommes et des femmes de lettres ayant séjourné dans la Riviera du Levant, et en particulier dans les Cinq Terres, le dramaturge italien Sem Benelli donne son nom au golfe des Poètes.

1920 : Agitations ouvrières en Italie et aussi à Gênes, dont les usines d’industries mécanique et métallurgique sont occupées à plusieurs reprises. Le parti populaire est alors le premier parti de Ligurie, mais, au mois de novembre, c’est Federico Ricci, libéral et conservateur, qui remporte la mairie de Gênes. La même année débute la construction de l’église orthodoxe de San Remo, station balnéaire de la Riviera du Ponant alors particulièrement prisée par les Russes.

Mars 1922 : Mussolini crée à Gênes la Corporation nationale de la marine marchande, étendue ensuite à d’autres ports.

30 juillet 1922 : Le journal Il Lavoro de Gênes annonce de manière anticipée que la Fédération des syndicats italiens s’apprête à proclamer la grève générale, mais celle-ci se solde par un échec le 3 août et, dès le 14 août, la gestion du port de Gênes est confiée à l’amiral Giulio Inganni. Or, ce dernier revient sur toutes les concessions faites auparavant aux travailleurs du port.

1923 : Les deux communes Oneglia et Porto Maurizio sont regroupées par Mussolini pour former celle d’Imperia, chef-lieu de la province ligure du même nom.

Printemps 1924 : Le maire de Gênes Federico Ricci refuse d’attribuer à Mussolini la citoyenneté honoraire en reconnaissance de son intervention en faveur de l’intégration de Fiume à l'Italie. Les fascistes présents dans sa majorité démissionnent et entraînent la dissolution du conseil communal.

A partir de janvier 1926 : Formation de la Grande Gênes, une cité qui s’étend désormais de chaque côté du golfe qui porte son nom et regroupe, depuis Nervi jusqu’à Voltri, vingt nouvelles communes, transformées en autant de quartiers périphériques.

1927 : Finale Ligure se compose de trois localités, Pia, Marina et Borgo, réunies en 1927 pour former l’une des principales villes de la Riviera du Ponant. La même année, le plus grand paquebot italien et génois de l’époque, « Principessa Mafalda », fait naufrage au large du Brésil, le 25 octobre.

1929 : L’une des répercussions de la crise internationale est la réduction de l’activité de construction navale à Gênes.

A partir de 1930 : Mussolini procède à de nombreux réaménagements dans le centre historique de Gênes.

14 septembre 1937 : Naissance à Gênes de l’architecte Renzo Piano.

Juin 1940 : Gênes subit un premier bombardement par la marine française dans le cadre de l’opération Vado, visant les installations pétrolières de Vado ligure.

9 février 1941 : Gênes est bombardée une heure et demie, cette fois par la flotte britannique, dont la mission est de détruire le port de Gênes, de ravager ses installations industrielles et d’attaquer la base navale de La Spezia. La ville déplore alors 144 morts, principalement des civils.

25 juillet 1943 : Le roi Vittorio Emanuele réclame la démission de Mussolini et le remplace par le maréchal Badoglio. A Gênes, comme dans les autres villes du Nord de l’Italie, on manifeste pour la fin de la guerre.

Septembre 1943 : Les troupes allemandes occupent La Spezia, puis Savone et Gênes. Le théâtre San Felice est en grande partie détruit par des bombardements. Il ne conservera que quelques pans de sa façade.

Février 1944 : La nouvelle République sociale italienne proclame la levée en masse des jeunes en âge de faire leur service militaire. Se développe alors le mouvement partisan, dominé par les communistes et comptant 30 000 membres au printemps 1944. La Ligurie et Gênes font partie de la zone IV.

24 avril 1944 : Insurrection générale à Gênes, pilotée par le comité de libération ligure contre les troupes de Gunther von Meinhold.

25 avril 1944 : Les Allemands acceptent la reddition de la ville, mais tentent le lendemain et le surlendemain de détruire les infrastructures portuaires et industrielles. Les Génois, décorés par la suite de la médaille d’or de la valeur militaire, les en empêchent.

4 juin 1944 : Chute de Rome.

14 mai 1946 : Souvent présenté comme le dernier doge de Gênes, Giuseppe Siri devient archevêque.

Décembre 1946 : Election à la mairie de Gênes du communiste Giovanni Tarello, auquel succédera deux ans plus tard un autre communiste, Gelasio Adamoli, avant le socialiste Vanuccio Faralli.

14 juillet 1948 : Grève générale en Italie, notamment à Gênes, à la suite de l’attentat commis à Rome contre le chef du Parti communiste italien, Palmiro Togliatti. Le 16 juillet, le pays entier déplore seize morts et plusieurs centaines de blessés.

1950 : Découverte de la grotte de Toirano entre Albenga et Pietra Ligure. A Gênes, le Palazzo Bianco et le Palazzo Rosso sont transformés en deux musées modernes.

1951 : Inauguration du musée d’art contemporain à la villa Croce, au sud de la ville de Gênes, dans le quartier résidentiel de Carignano.

1951 : Les démocrates-chrétiens remportent les élections. Le centriste Vittorio Pertusio devient maire jusqu’en 1965. Cette période est caractérisée sur le plan culturel par l’aménagement de prestigieux musées. Dans le centre historique de Gênes, le Palazzo Bianco et le Palazzo Rosso sont ainsi transformés en deux musées modernes. Dans le quartier résidentiel de Carignano est inauguré, au sud de la ville, un musée d’art contemporain à la villa Croce. Au niveau des infrastructures, de nouveaux réseaux routiers sont aménagés.

1954 : Une statue en bronze de Guido Galletti appelée « Le Christ des Abysses » est descendue au large de San Fruttuoso, dans la péninsule de Portofino. Elle symbolise en effet l’attachement des Ligures à la mer. 1958 : Les Spinola offrent leur palais de la Piazza Pelliceria à l’Etat, afin qu’il soit transformé en Galerie nationale. 1960-1970 : Trois figures politiques dominent Gênes : Angelo Costa, libéral, Paolo Emilio Taviani, démocrate-chrétien, et Giuseppe Siri.

1960 : Lady Doroty vend à l’Etat le jardin botanique Hanbury, dévasté par les bombardements de la seconde guerre mondiale. La même année, une manifestation communiste contre la tenue à Gênes du congrès du MSI, parti d’extrême-droite, dégénère en émeute.

21 octobre 1962 : Inauguration de l’aéroport de Gênes, jour anniversaire de la découverte de l’Amérique. Il prendra le nom de Christophe-Colomb. A la même époque, Gênes perd son statut de premier site de construction navale dans la péninsule.

18 avril 1974 : Gianni Agnelli, patron de Fiat, accède à la présidence de la Cofindustria. Le même jour, les brigades rouges enlèvent à Gênes le substitut du procureur de la République, Mario Sossi, et le séquestrent pendant trente-cinq jours.

8 juin 1976 : Assassinat à Gênes du procureur général Francesco Coco et de deux membres de son escorte par un commando des Brigades rouges.

21 juin 1978 : Assassinat à Gênes d’un fonctionnaire de l’anti-terrorisme, Antonio Esposito.

1979 : Le 24 janvier, le syndicaliste Guido Rossa est assassiné à Gênes par les Brigades rouges après avoir permis l’arrestation d’un de leurs membres. La même année, la mairie de Gênes rachète à Nervi le musée de la collection Frugone, installé dans l’ancienne villa Grimaldi Fassio et abritant des collections d’art figuratif des XIXe et des XXe siècles.

1980-1983 : Plusieurs scandales de corruption éclaboussent d’importants hommes politiques génois, notamment le sénateur Franco Fossa, le président de région Alberto Teardo, ou encore le maire de Gênes Claudio Burlando. Des arrestations ont lieu.

1986 : Le taux de fécondité italien est tombé à 1,3 par femme en âge de procréer  le plus bas des pays européens  et à 0,9 pour la Ligurie.

1989 : Mort du cardinal Siri, deux ans après la fin de son épiscopat. Celui-ci avait duré quarante-et-un ans.

1991 : Inauguration du nouveau théâtre Carlo Felice qui ne conserve que quelques éléments de sa façade originelle après les bombardements de la seconde guerre mondiale. Sa construction a été confiée à Ignazio Gardella, Aldo Rossi et Fabio Reinhardt. Il se caractérise à l’extérieur par une imposante tour carrée percée de petites fenêtres.

1992 : Fête des « Colombiades » à l’occasion du cinq-centième anniversaire de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Le port est totalement rénové sous la direction de l’architecte Renzo Piano qui construit alors l’aquarium, ainsi qu’un ascenseur panoramique, appelé le Bigo. Les anciens entrepôts de coton sont, quant à eux, convertis en cinéma et centre d’exposition. On engage aussi une vaste campagne de restauration du Palazzo Ducale. La même année est enfin construite la Tour surnommée « il Matitone », c’est-à-dire « le gros crayon », en référence à sa forme octogonale, elle-même inspirée du clocher de l’église de San Donato.

1997 : Les Cinq Terres, regroupant cinq villages du littoral : Monterosse al Mare, Vernazza, Corniglia, Manarola et Riomaggiore, dans la Riviera du Levant, sont inscrites au patrimoine mondial par l’Unesco.

De 1999 à 2002 : La statue d’Andrea Doria, détruite à la fin du XVIIIe siècle au Palazzo Ducale, est reconstruite par le sculpteur Lorenzo Garaventa.

2001 : En juillet, réception à Gênes du G8, durant laquelle un jeune opposant au capitalisme, Carlo Giuliani, trouve la mort dans une manifestation. La même année, Renzo Piano construit la Biosfera, une serre futuriste. Par ailleurs, la fontaine de la Piazza De Ferrari est restaurée.

2003 : Participation massive de Gênes aux manifestations contre la guerre en Irak.

2004 : Gênes est capitale européenne de la culture. A cette occasion, le Galata-museo del mare est inauguré. C’est le plus grand musée de la mer en Europe. Par ailleurs, la Galeria d’arte moderna de Nervi est  réouverte après une phase de travaux.

2006 : Le 13 juillet 2006, les Strade Nuove et la liste des Rolli, soit quarante-deux palais, sont classés au patrimoine mondial par l’Unesco. Une vaste campagne de restauration est alors lancée.

L’Italie traverse alors une période difficile, dont les échos se font sentir sur la côte ligure. Le pays a est affecté par la récession à partir de la fin de 2011, alors que la dette publique atteint 120 % du PIB et que le chômage demeure à un niveau élevé, sur fond de politique d’austérité reflétant les exigences de Bruxelles en matière de rigueur budgétaire. Les choses se sont toutefois améliorées à partir de 2013, qui a vu un modeste retour de la croissance résultant de la bonne santé des services, de l’industrie et des exportations, mais avec le maintien de fortes inégalités régionales si l’on considère l’ensemble du pays. La région milanaise demeure la région capitale en matière économique mais celles de Turin et de Gênes sont celles où le niveau de vie est le plus élevé du pays. Elles profitent notamment du dynamisme du tourisme qui a fait de l’Italie la cinquième destination mondiale et de la bonne santé de ses petites et moyennes entreprises.

2014 : Le gouvernement de centre-gauche de Matteo Renzi, appuyé sur le Parti Démocrate et sur le centre-droit, engage la mise en œuvre d’un vaste plan de réformes dont une refonte du code du travail. Les résultats se révèlent encourageants alors que le pays avait vu sa production baisser de 0,3 % en 2012 et de 1,9 % en 2013 – ce qui entraînait un retour à son niveau de production de 2000, une augmentation du chômage et une baisse des investissements. La croissance est de 0,8 % en 2015 puis de 1,6 % en 2016, ce qui conduit le président du Conseil Matteo Renzi – arrivé aux affaires en 2014 – à affirmer que « l’Italie n’est plus un problème ». Le retour de la croissance, après treize trimestres de récession, le retour du pays, dans de bonnes conditions, sur le marché de la dette souveraine, les progrès de la consommation intérieure, du commerce extérieur et de la production industrielle encouragent à l’optimisme le ministre de l’économie Pier Carlo Padoan. Mais le chômage reste élevé, malgré la réforme finalement mise en œuvre du marché du travail, et il faut poursuivre les privatisations pour réduire la dette publique.

2015 : Le succès rencontré par l’exposition universelle de Milan, qui a accueilli 20 millions de visiteurs, profite plus largement à toute l’Italie du nord. Ces résultats encourageants incitent Matteo Renzi à avancer sur la question de la réforme constitutionnelle avec, à la clé, un référendum prévu pour décembre 2016.

Décembre 2016 : Après quinze années difficiles, les électeurs expriment leur mécontentement lors du référendum de réforme constitutionnelle : ils votent « non » à 59% (+ de 70% chez les moins de 35 ans). Ce résultat conduit à la démission de Matteo Renzi qui avait la confiance des institutions européennes, remplacé par Paolo Gentiloni. Malgré la réforme du marché du travail, le chômage persiste à un haut niveau. Dans le même temps, le rejet de la classe politique et le développement de sentiments anti-bruxellois favorisent la montée dans l’opinion du mouvement populiste 5 Etoiles de Beppe Grillo. La question de l’immigration en provenance des côtes africaines devient également un élément majeur du débat politique.

2017 : La conquête de la mairie de Gênes par la droite prélude aux développements à venir, dans un paysage idéologique de plus en plus marqué par la question de l’immigration, alors qu’en décembre 2017 un vote du Sénat a écarté l’introduction du droit du sol. Au moment où c’est l’Italie du sud qui se retrouve en première ligne face à ce problème, les échos qu’il entraîne au nord n’en apparaissent pas moins comme un élément majeur des recompositions politiques et électorales au delà des Alpes.  Mars 2018 : Les élections législatives sont perçues comme un séisme politique de grande ampleur. Avec 37% des voix, la coalition des droites réunissant Forza Italia, Fratelli d’Italia et la Ligue de Matteo Salvini l’emporte, la Ligue en constituant désormais l’élément le plus fort. A l’inverse le Parti Démocrate de Matteo Renzi, aux affaires depuis 2013, subit une déroute historique avec 18% des voix. Le Mouvement 5 Etoiles de Luigi di Maio atteint pour sa part 32% des voix. Contre toute attente, c’est un gouvernement de coalition confié à Giuseppe Conte réunissant le mouvement 5 Etoiles et la Ligue qui se met en place à l’issue de cette séquence électorale. Très vite, c’est le leader de la Ligue - Matteo Salvini, devenu ministre de l’Intérieur - qui s’impose comme la personnalité la plus en vue du gouvernement, en exploitant auprès de l’opinion la crise migratoire.

Août 2019 : Alors que la Ligue l’a emporté lors des élections européennes avec 35% des voix (le Mouvement 5 Etoiles est tombé à 17%) Matteo Salvini déclenche une crise gouvernementale dont il attend de nouvelles élections qu’il espère remporter. Contre toute attente, le Mouvement 5 Etoiles trouve une alternative dans une alliance avec le Parti Démocrate qu’il dénonçait violemment quelques années plus tôt. Le gouvernement Conte 2 va bénéficier du soutien de Bruxelles, garanti par la bénédiction inattendue que lui donne Matteo Renzi.

2020 : Le débat politique est éclipsé en 2020 par l’épidémie de Covid qui frappe durement l’Italie, premier pays d’Europe contraint d’imposer le confinement. Pour l’Italie cela signifie la chute du PIB et l’envolée de la dette publique alors que l’Europe doit accepter la suspension du pacte de stabilité imposé en amont pour permettre le retour à l’équilibre financier. Sur le plan politique, un nouveau rapport de forces se dessine à droite à l’occasion de diverses élections locales. Forza Italia poursuit son déclin mais la Ligue de Matteo Salvini doit maintenant compter avec le mouvement Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni.

Février 2021: Une majorité inattendue se forme au Parlement pour soutenir le gouvernement confié à Mario Draghi, l’ancien président de la Banque Centrale Européenne, naguère ennemi juré de la Ligue et du Mouvement 5 Etoiles. Une volte-face qui s’explique par l’ampleur de l’épidémie de Covid et par le fait que le plan de relance européen a été orienté en priorité vers l’Italie, appelée à recevoir 200 milliards d’euros. Le mouvement 5 Etoiles perd en octobre 2021 les mairies de Rome et de Turin. La Ligue se rallie à la majorité de Mario Draghi mais son audience mesurée par les enquêtes d’opinion continue à s’éroder au profit du mouvement concurrent Fratelli d’Italia. Dans le même temps, le Parti Démocrate opère une sensible remontée. Mais le vainqueur du moment est sans conteste Mario Draghi, soutenu par la classe dirigeante, par les marchés et par l’Europe. Au moment où l’économie repart (5,8% de croissance en 2021 et 4,2% attendus en 2022, de quoi compenser la récession de 8,9% entraînée en 2020 par la pandémie), le maintien d’une forte activité industrielle et d’une balance commerciale bénéficiaire demeurent de sérieux atouts. L’incertitude politique demeure toutefois dans la perspective des élections législatives prévues en septembre 2022. La coalition des droites au sein de laquelle domine désormais le parti de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia, est donnée gagnante par les sondages, ce qui ouvrirait une ère nouvelle dans l’histoire politique compliquée de l’Italie.